Les Femmes de Bruckman

CeliaetIsaac
Isaac Isitan avec une des travailleuses, Celia

Je viens de voir un très bon film sur la prise de contrôle d’une usine de vêtements en Argentine par les travailleurs, et surtout travailleuses. Un film réalisé par Isaac Isitan et co-produit avec Carole Poliquin, pour Isca Productions. C’est dans le contexte de la crise économique terrible de 2001 que les employées de la firme Bruckman se sont retrouvés sans patrons et sans leur paye, les propriétaires ayant pris la fuite avec leur argent. Plutôt que de s’en aller chez elle et chômer, elles ont décidé de prendre charge de l’usine et de continuer à travailler. Elles sont devenues leurs propres patronnes. Mais avec l’amélioration de la sitution économique, les patrons ont voulu revenir et reprendre l’usine. Le film documente la lutte qui s’ensuit, sur une période de cinq ans. On a l’impression d’assister à un leçon d’auto-organisation tout à fait exemplaire, selon les principes défendues par la gauche anti-autoritarie dans laquelle j’avais moi-même milité quand j’étais jeune. J’ai bien aimé le film, entre autre parce que le réalisateur n’a pas peur de parler des nombreuses contradictions et conflits internes qui sont inévitables dans de telles luttes. J’ai quand même posé quelques questions critiques à Isaac Isitan.

Il n’y a pas beaucoup de suspense dans le film, on a l’impression de savoir dès le début comment la bataille va se terminer. Commentaire ?

Pour la majorité de spectateurs c’est tout le contraire. C’est juste les gens plus activistes, très informées et préoccupés sur l’actualité qui connaissent la fin de l’usine Brukman.

Tu as très bien couvert la lutte dans l’usine et dans la rue, mais on ne rentre jamais dans l’intimité des femmes, on ne voit pas la conséquence sur leurs vies personnelles. Pourquoi ?

Le focus du film était l’éveil politique des femmes, ainsi que leur découvert de certains tâches qu’elles avaient jamais pensé réaliser, tel que l’administration et gestion d’une usine. Ce qui m’intéressais était montrer les changements soufferts dans leurs vies face à la gestion et control de la manufacture Bruckman, qui sont aussi des changements personnels.

L’action initiale a lieu dans le contexte de la crise de 2001, mais après on n’apprend rien sur l’évolution de la situation politique et économique, si ce n’est que la visite de quelques ministres. Est-ce que le changement de la situation en Argentine n’a pas conditionné ce qui se passait dans l’usine?

Oui, absolutement. L’élection de Kirchner a influencé dans la victoire sur le plan égal, mais c’est grâce aux mouvement sociaux que Kirchner est arrivé au pouvoir et que les femmes ont récupéré l’usine. C’est ça que j’ai voulu montrer dans le film. Je ne voulais pas faire un film comme The Take dans lequel on ne fait que suivre la crise argentine. Mon film raconte l’évolution des femmes, leur éveil, leurs façons de faire. Comme les femmes de Brukman dissent: “C’est la lucha popular (la lutte sociale) qui les a aidé et les a emmené où elles sont présentement” C’est cette lutte que j’ai voulu montrer dans mon film.

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Magnus Isacsson

As an independent documentary filmmaker I have made some fifteen films dealing with social, political and environmental issues. Previously I was a television and radio producer. I was born in Sweden in 1948, immigrated to Canada in 1970. I live with Jocelyne and our daughter Béthièle in Montreal, and my older daughter Anna lives in Toronto.

2 thoughts on “Les Femmes de Bruckman”

  1. Just met Isaac at the Figra festival in France. Just a quick note on a spell: it’s Brukman without a “c”.

  2. je suis du canada et j aimerais vendre vos habit sur ebay sur internet prendre contact avec moi merci

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