PHOTO: Ministre serrant la main d’un jeune Algonquin.
Durant la période des fêtes, je lisais une collection d’articles du grand critique de Cinéma américain Andrew Sarris intitulé ‘Confessions of a Cultist.” Une phrase m’a frappé: ‘Tout le monde adore voir un poète dissident – dans une autre société que la sienne.’ ( ma traduction libre).
Et j’ai eu l’occasion de voir le nouveau film, courageux et percutant, de Richard Desjardins. Je précise pour ceux qui ne sont pas du Québec qu’il est un grand poète, compositeur et interprète en plus d’être l’auteur de films documentaires importants, avec Robert Monderie. Il y a presque dix ans leur film l’Erreur Boréale avait causé un débat énorme sur l’état de la forêt boréale au Québec, et c’est un des rares films documentaires dont on peut dire qu’il a conduit à des changements réels dans la société. Maintenant, avec Le Peuple invisible, arrivent-ils a provoquer un débat semblable sur le sort des peuples autochtones au Québec ?
Mais d’abord, de quoi parle ce film ? C’est le récit minutieux et bien documenté du sort que les Algonquins, habitant traditionellement un vaste territorire au nord d’Ottawa, ont subi aux mains des colons et gouvernements blancs – sans oublier les pères Oblats et l’Église catholique. Le film n’est pas tendre envers les colonisateurs. Voici ce qu’en dit mon ami et proche collaborateur Simon Bujold:
Ce film est un grand cours d’histoire. Le genre de cours que les réformes scolaires québécoises n’ont jamais osé imaginer. Richard Desjardins accomplit encore une fois un brillant exercice intellectuel. Prendre la parole pour atteindre notre regard.
Qui sont-ils? «Nos frêres» dit Desjardins dans une entrevue. Ceux que l’on ignore systématiquement depuis que nos ancêtres n’en ont plus besoin pour survivre à la rigueur du territoire. Depuis toujours ils sont là. Ils ont accommodé raisonnablement l’européen et sa descendance bien avant la commission Bouchard-Taylor.
Pourtant comme le film de Monderie et Desjardins le démontre, les algonquins sont un peuple invisible aux yeux des québécois.
Des critiques sont lancées spécifiquement vers le mouvement souverainiste qui revendique une identité nationale distincte tout en ignorant les Premières Nations. Une victime qui ne se solidarise aucunement d’une autre encore plus mal en point. «Je veux que l’on puisse vivre ensemble dans l’harmonie et la paix», dit le vainqueur en gage d’amitié au perdant qu’il vient d’écraser. Pourquoi s’embêter avec le sort du plus faible quand on est le plus fort. Plusieurs spectateurs sortent de la projection encore habités de la honte et de la culpabilité qui montent en nous face à cette réalité. Impuissance face à l’ampleur du drame. Ce qui embête le plus le spectateur c’est que le doigt accusateur se tourne lentement vers nous alors que l’on découvre une à une les injustices historiques et présentes que subissent les Algonquins. Dans l’Erreur Boréale, le méchant c’était la compagnie, facile. Ici c’est le reflet cruel du miroir.
Le film ne donne pas la réponse à la question qui s’installe en chacun. Quoi faire? Que faire aujourd’hui?
Pouvons-nous désarmer des centaines d’années de mépris organisé pour vaincre la barrière de l’ignorance culturelle. Des milliards pour les tsunamis, des millions pour Haïti. Des écoles pour les jeunes afghanes, l’Iraq au Iraquiens. Et pour nos voisins? Rien.
Et le débat ? Qu’est-il advenu du débat ?
Eh bien, je pensais qu’elle allait avoir lieu, car même le porte-parole des Rencontres Internationales de Montréal, le chanteur Biz, du groupe Loco Locass, ne s’était pas géné pour attaquer le film. Selon Biz, entendu à l’émission de Christaine Charette à Radio-Canada, Desjardins et Monderie critiquent les Québecois sans souligner que les Américains et les Canadiens anglais ont fait pire. Quelques jours plus tard j’ai entendu l’écrivain Dany Laffèrière, québecois d’origine Haïtienne affirmer, aussi à Radio-Canada, que Desjardins prend la parole pour parler de l’oppression des Algonquins plutôt que de leur laisser la parole. Mais après cela… pas grande chose. Je crois que c’est un film qui met les gens très mal à l’aise. Ce débat-là, veut-on réellement l’avoir ? Aura-t il d’avantage lieu lors de la télédiffusion ?
Bonjour Magnus,
Je voulais tout d’abord te remercier de tenir ce précieux carnet, un essentiel pour le cinéma documentaire d’ici. Je suis vraiment très heureuse de retrouver dans le monde des blogues. Et Bravo de le faire dans les deux langues.
Quant au débat présent, je souhaite vivement que le film de Desjardins soulève des questions et un débat de fond qui ira au-delà de chicanes locales et de sentiment de culpabilité. Je pense qu’il est toujours temps d’agir, et les actions commencent par l’éducation. Comment est-ce possible de faire son éducation au Québec en sachant si peu à propos des cultures amédindiennes? C’est une absurdité, et c’est au gouvernemnet d’agir afin de rapidement rétablir ce non-sens. Connaître ses orgines, son histoire, l’histoire de ceux qui étaient là avant nous: c’est la clef de la conscience sociale que nous valorisons tant. Il faut pouvoir créer des liens avec les communautés, et davantage de projets tel que le Wapiconi Mobile (projet de création de vidéos dans les communautés autochtones). On voit immédiatement les bienfaits d’un tel projet, et le gouvernement lui-même semble le reconnaître.
comment on bonjour en azteque???
malokin! (bonjour en maya)
bonjour,
je suis touchée par tous ces thèmes et travaux…
j’ aimerai collaborer…
je vais chercher le film à l’ université…
j’ aimerai vous connaitre…
tlazocamatli, yumbotik,
merci en nahautl(aztèque) et en maya
Est-ce qu’il y a de soulutions au problèmes des Amérindiens du Québec actuel? (Nommez 2 SVP)