Dix fois Dix de Jennifer Alleyn

Danseuse - Otto Dix

J’ai toujours été fasciné par la peinture et la musique de la République de Weimar, la période d’entre les deux guerres mondiales en Allemagne. Mon amie Jennifer Alleyn a un film sur un des artistes le plus représentatifs de cette période, Otto Dix, et le film prend l’affiche cette semaine à Montréal et à Québec. C’est un film en dix tableaus, d’où le titre Dix fois Dix.

Jennifer est la fille du peintre Edmund Alleyn sur lequel elle a fait un excellent film, ‘L’Atelier de mon père’. Après la sortie de ce film, l’histoire d’un tableau de Dix retrouvé à Montréal l’a mis sur la piste de ce nouveau film. Inspiré par Nietszche et par sa propre expérience en tant que soldat dans la première guerre mondiale, et par ce contexte de crise économique et politique qui allait mener à la montée du nazisme, Dix confronte les sujets les plus durs : la guerre, la prostitution.

Jennifer raconte :

Jennifer Alleyn2

Après ‘L’atelier de mon père’, il me fallait un sujet fort. En fait, je me demandais vraiment ce que je pouvais faire après. J’attendais de retrouver la même certitude, un lien très fort au sujet. L’univers d’Otto Dix, en plus de dépeindre des réalités dures et malheureusement criantes d’actualité (la guerre, la prostitution), comportait des aspects de mystère qui m’ont happée complètement. Pour me distraire, je suivais un cours d’histoire de l’art et c’est là que j’ai découvert le Portrait de l’avocat Hugo Simons,1925 d’ Otto Dix, qui est dans la collection du MBAM.

Ce tableau a eu beaucoup d’effet sur moi. Il m’inquiétait et m’envoûtait à la fois. C’est ce sentiment paradoxal, d’horreur et de beauté, de frayeur et d’attrait, qui m’a donné le goût de creuser l’oeuvre.

J’ai alors appris qu’une grande exposition allait se poser à Montréal, au MBAM et me suis dit que si j’obtenais la permission de filmer les tableaux, la création de l’exposition, l’accrochage, j’avais une porte d’entrée dynamique et cinématographique. Puis l’idée de greffer des épisodes de la vie de l’artiste, par des incursions dans ses lieux (maison de famille à Hemmenhoffen, Galerie à Berlin, etc..) ont fait sortir le film des murs du Musée.

FIFA - Peter Duschenes avec le portrait l’avocat Hugo Simons (1925)

L’histoire du Portrait de l’avocat Hugo Simons, 1925, était tellement romanesque, avec ce procès et la fuite de l’avocat juif vers le Canada, la correspondance soutenue sur plus de vingt ans entre l’artiste et l’avocat, m’ont convaincu qu’il y avait, derrière, tout une charge émotionnelle qui enrichissait l’oeuvre. Comme une archéologue, je suis partie à la recherche de ce terreau fertile qui donne aux oeuvres cet aura de mystère, bâti par le temps, les mouvements de l’Histoire, la vie humaine.

Il y avait un certain défi à explorer la trajectoire d’un homme qui a tué (Dix était soldat en 1914 et encore en 1945) et son oeuvre fait état des traumatismes qui l’ont poursuivis toute sa vie. J’ai été attirée par la force, le courage qui émanait de son parcours. Considéré comme un artiste dégénéré par les Nazis, il n’a pourtant jamais cessé de peindre. De dire et de montrer les horreurs dont il avait été témoin.

Dans mes recherches, je suis tombée sur cette phrase de Nietszche : “L’art nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité”. Sachant que Dix avait été très touché par la philosophie de Nietzsche, cette phrase qui a trotté dans mon esprit pendant un an et guidé mon film. Je crois qu’elle offre une vrai clé pour comprendre l’oeuvre de Dix.

J’avais je crois besoin de me dépayser mentalement, me confronter à un univers plus cru, plus choquant de la peinture.

PROJECTIONS:

‘Dix fois Dix – un portrait du peintre allemand Otto Dix’ prend l’affiche du cinéma Beaubien à Montréal et du cinéma Le Clap à Québec avec en avant programme, La vie imaginée de Jacques Monory, un autre film de la réalisatrice Jennifer Alleyn. Du 4 au 10 nov. 2011

” C’est très fort. Rythmé. Inattendu. Profond. Émouvant. Surprenant.” – Nancy Huston

Voir la bande-annonce.

Lauréat du “Prix tremplin pour le monde Artv” – FIFA 2011.

Sélection officielle Pessac (France) – Festival international du Film Francophone en Acadie 2011

Worthwhile articles on documentaries

Werner Herzog filming 'Into the Abyss' which screens at TIFF this week.

I can already imagine what my webmestre Kim Gjerstad might say about this post: “Magnus, I told you, only original material!”

But in my defense, these articles are very interesting, for different reasons. It’s disappointing however that the one about the abundance of docs at the Toronto International Film Festival doesn’t mention any Canadian docs, such as Surviving Progress. Maybe one reason is that TIFF programs very few Canadian docs?

Anyway, enjoy the reading.

  • A Bounty of Documentaries at Toronto Festival – focusing on the documentary offerings at TIFF, but in particular Werner Herzog’s film Into the Abyss, about the execution of death-row inmate Michael Perry. While editing, “Herzog said he was too shaken by his encounters with Mr. Perry, his associates, his pursuers and the family of his victims to work on the film for more than a few hours each day.”
  • Another NY Times article reviews a book by filmmaker Errol Morris, “Believing is Seeing” about the limitations of photographs. “Each of its six chapters originally appeared, in different form, in the Opinionator blog of The New York Times, and each centers on a photo or photo set: two slightly different pictures taken by Roger Fenton during the Crimean War; the infamous Abu Ghraib images, over two chapters; Depression-era photographs by Walker Evans and Arthur Rothstein; pictures of children’s toys lying in the rubble after Israeli airstrikes on southern Lebanon in 2006; and an ambrotype of three young children that was found clutched in the hand of a dead Union soldier at Gettysburg in 1863.”

Thanks to Tobi Elliott for her help with the blog.

Projections et télédiffusions, Les Super-Mémés

Louise et Marg, Les Super Mémés: lancement à Québec

« …un super film qui donne le goût de vieillir dans la délinquance! » Paul Houde (Montréal Maintenant, 98,5 FM)

Mon film LES SUPER-MÉMÉS, sur les Raging Grannies et les Mémés déchainées, a été lancé en tant de film de clôture du Festival de films sur les droits de la personne en mars 2010. Cet été, il y a plusieurs projections du film en plein air dans le cadre de Cinéma sous les étoiles, et la télédiffusion aura lieu la fin de semaine qui vient.

Cinéma sous les étoiles est une excellente initiative des Productions Funambule, la compagnie de mes jeunes collègues Santiago Bertolino et Steve Patry. Cet été, ils organisent une douzaine de projections dans des parcs dans différents quartiers à Montréal. Parmi les films montrés il y en a plusieurs dont j’ai déjà parlé sur ce blogue, sur Gérald Godin et Omar Khadr notamment.

Il y a quelques semaines, j’ai assisté à une projection des SUPER-MÉMÉS dans le Parc Laurier. Il y avait 80 personnes, et les Mémés étaient sur place pour chanter et discuter après le film.

Le film sera montré dans le cadre d’une autre soirée sous les étoiles, dans le Parc Aimé Léonard à Montréal-Nord le jeudi 1er Septembre à la brunante. J’y serai, ainsi que les Mémés.

Surtout, le film sera diffusé à Canal Vie le 28 Août à 19 heures. C’est en fait grâce à l’investissement de ce diffuseur que nous avons pu faire le film, produit par Les films de l’Isle et distribué par Vidéo-femmes.

Merci a Tobi Elliott pour son aide avec le blogue.

Montréal-Nord – les jeunes

Je vous ai déjà parlé de mon tournage en cours à Montréal-Nord. C’est donc pour un film produit par Jeannine Gagné à Amazone films qui sera diffusé à Canal D. Le processus de ‘casting’ a été long, mais voici mes trois ‘personnages’ principaux, que nous suivons pendant un an et quelques mois.

Danny Raymond - 'Musique X'

Danny Raymond est un jeune homme intelligent qui a des talents de ‘leader.’ Il est plein de projets, mais il ne sait pas comment les réaliser. Ayant vécu dans des foyers de groupe et des familles d’accueil pendant une bonne partie de sa jeunesse, il a beaucoup manqué d’encadrement. Il a décroché de l’école avant de finir son secondaire parce qu’il ne se sentait pas accepté et n’étais pas motivé. Il vit encore chez sa mère qui a déjà été contorsionniste au cirque, alors que son père – qu’il voit maintenant quelques fois par année – était clown avant de devenir plombier.

Danny vient d’avoir 18 ans. Il a récemment été accepté pour un projet au Carrefour Jeunesse Emploi. Danny adore la musique et il participe activement à Musique X, un projet communautaire que nous avons suivi depuis ses débuts. Il adore aussi faire de la bicyclette. Les amis sont très importants pour lui, et nous les filmons souvent ensemble.

Michael Stiverne - 'Musique X'

Michael Stiverne est venu d’Haïti avec son père lorsqu’il avait 10 ans, alors que sa mère est restée là-bas. Le père, chauffeur de taxi au centre-ville, l’a laissé se débrouiller seul et s’occuper de son jeune frère Mickerson. A 22 ans Michael est un jeune homme responsable et motivé, qui a été très apprécié au programme ‘2e Chance’ des Fourchettes de l’Espoir, un organisme communautaire.

Mais il n’a pas toujours été si sage: plus jeune il a été inculpé pour possession d’armes, vols de voitures et trafic de drogue, et il en paye maintenant le prix. Il passe ses fins de semaine en prison, et le restant du temps à se chercher un emploi. Ce qui, pour un jeune noir de Montréal-Nord avec un casier judiciaire n’est pas facile!

Il passe des entrevues de manière assidue, et les employeurs potentiels promettent de le rappeler – mais ne le font presque jamais. Mikerson, 18 ans, a été mis dehors de son école parce qu’il ‘causait du trouble,’ mais comme son frère il est très motivé et essaye de s’en sortir. Il compose de la musique et il chante.

L’absence des parents l’a beaucoup fait souffrir, et il exprime cette douleur de façon touchante. Dans le film nous le verrons notamment raconter l’histoire de sa vie sous forme de rap.

Alex Bryson - 'Musique X'

Alexandre Bryson, 17 ans: ‘La violence, la drogue, les coups de feu, j’ai connu ça très jeune, ça ne m’intimide pas,’ dit Alex. Il a grandi à Pointe-aux-Trembles, parfois chez son père, parfois chez sa mère. Ils déménageaient souvent, et au primaire, il a souvent changé d’école. Dès sa jeune enfance, sa mère – d’origine MicMac- est devenue dépendante de la drogue et s’est même prostituée. A l’âge de 12 ans – le jour de son anniversaire – Alex est parti vivre avec son père. Mais lorsque celui-ci est parti travailler en Alberta, Alex s’est retrouvé en foyer d’accueil.

Alex a aimé l’école, et il avait de bons résultats au secondaire, mais l’instabilité de sa vie familiale l’a amené à décrocher après la deuxième année. Il a pris de la drogue, mais l’exemple de son frère ainé qui est accro et qui a fait de la prison l’a convaincu de laisser tomber. La personne qui l’a le plus influencé, en lui disant ‘tu vaux plus que ça’ c’est sa grand-mère paternelle – qu’il aime beaucoup, mais qu’il admet négliger.

Alex est maintenant de retour chez son père, à Bois-des-Filion. Mais il passe souvent du temps à Montréal-Nord. Intelligent et articulé, Alex passe surtout son temps à improviser du rap, ce qu’il fait très bien, seul ou avec des amis. Il a eu 18 ans le 12 juin 2011. Il a été accepté par le programme Katimavik, et ira passer 6 mois à l’Île du prince Edouard et en Ontario à partir de juin.

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Hommage à Garry Beitel

Bonjour/Shalom film poster
Poster pour le film 'Bonjour! Shalom!' de Garry Beitel.

Heureusement la Québec a une politique culturelle et s’est donné le cadre institutionnel nécessaire pour la mettre en pratique. La semaine passée, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) remettait des bourses de carrière à quatre cinéastes : Jean-Pierre Lefebvre, Mireille Dansereau, André Gladu, et Garry Beitel. Ma collègue Helene Kladowsky et moi avons eu l’occasion de dire quelques mots sur l’impressionnant carrière de Garry, que voici.

MAGNUS:
Le contexte de production du documentaire est difficile, les fenêtres de diffusion et opportunités de financement se font rares. Dans ce contexte, les bourses de carrière du CALQ sont fort apprécieés. Nous sommes honorés d’avoir l’occasion de rendre hommage à Garry, un collègue inspirant et prolifique. J’ai l’impression que chaque année il sort un nouveau film, film qui raconte toujours une histoire touchante qui nous fait réfléchir sur la condition humaine.

HELENE:
À la fin des années 80, quand je suis arrivée à Montréal de Toronto, j’ai très vite entendu parler de Gary, ce grand cinéaste anglophone qui a exploré toute la richesse culturelle du Québec. Enraciné dans la culture anglophone et la communauté juive, Gary est aussi parfaitement bilingue et amoureux de la culture francophone de Montréal. En tant que cinéaste engagé, Gary a été un modèle pour moi.

MAGNUS:
Durant trente années, Garry a documenté des rencontres passionnantes entre des individus qui représentent différentes communautés, différentes sensibilités et différents points de vue. Des individus qui – comme Garry lui-même – tentent de construire des ponts et trouver un terrain commun, un langage commun.

Il a documenté des rencontres entre jeunes et personnes âgées – dans par exemple Livraisons Aigre-Douces

entre citoyens de souche et nouveaux arrivés – comme dans Aller-Retour ou Asylum.

Entre juifs et non-juifs – Helene vous mentionnera plusieurs titres –

Entre Anglophones et Francophones – comme dans Rien de Sacré

Entre gens en santé et gens malades et souffants – dans Endnotes par exemple, ou The Man who learned to fall.

Ces rencontres, il les documente toujours avec beaucoup de respect, avec de la compassion, avec un sens de l’humour. Ses films nous font découvrir des voisins que nous ne connaissions pas, ou pas asssez, et de comprendre les défis auxquels ils font face.

Je trouve ses films sur les gens qui sont gravement malades et sur les gens qui tentent de les aider maintenir une dignité et à donner un sens à la vie très touchants.

Ses films ajoutent des couches de profondeur à des gens et des lieux que nous pensions connaître. En voyant ses films nous nous aperçevons que cette connaissance était superficielle et qu’il y avait bien plus à savoir, sur le restaurant smoked meat a coin de la rue, sur l’artiste local que nous avions entendu à la radio, ou sur les caricaturistes des principaux quotidiens – anglais et français bien évidemment, qui nous font rire et réfléchir tous les jours.

Les films de Garry sont appréciés sur les écrans, grands ou petits, ici et ailleurs. Ils enrichissent notre mémoire collective, et demeurent pertinentes pour des années, voir des décennies, après leur sortie.

HELENE:
Garry s’est intéressé dans ses films à des communautés, à des individus en transition et à des artistes. Des films qui sont merveilleux.

Il a aussi fait vivre à l’écran la communauté juive du Québec dans toute sa diversité. Dans Bonjour! Shalom!, il a posé un regard sur les rapports parfois tendus, parfois harmonieux entre les juifs hassidiques et leurs voisins francophones et non religieux. Ma chère Clara raconte une histoire d’amour juive qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale à Montréal, en Pologne et en Russie.

Chez Schwartz nous fait pénétrer dans l’univers multiethnique des personnages et Socalled, le film, nous fait découvrir un artiste qui fusionne la musique traditionnelle klezmer, le hiphop et le funk. À plusieurs reprises, la communauté juive de Montréal a honoré Garry pour son travail et pour sa contribution humaniste.

En yiddish, une autre langue que Gary possède, on dirait de lui qu’il est un véritable « mensch », c’est à dire un être humain d’exception. Toutes mes félicitations Gary.

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Tournage à Montréal-Nord

Joel, Shellby et Danny à Montréal-Nord.
Joel, Shellby et Danny. Montréal-Nord

Depuis neuf mois – et pour encore six mois – je tourne un documentaire à Montréal-Nord avec le directeur photo Martin Duckworth et notre assistant Franck Le Coroller. Nous sommes plongés dans la réalité quotidienne d’un quartier multi-ethnique défavorisé – un autre monde par rapport au Centre-Ville de Montréal où nous habitons.

Le quartier a fait l’objet d’une couverture médiatique sensationnaliste centrée sur les gangs de rue et la violence et n’a donc pas bonne réputation. ‘L’affaire Villanueva’ qui a vu un policier abattre un jeune homme dans un parc il y a trois ans, a mis en lumière le ‘profilage racial’ et les attitudes discriminatoires de la police. Depuis cette crise, il y a beaucoup d’efforts de changement à Montréal-Nord. Mais les choses changent-elles assez vite?

Au cœur des controverses, il y a la réalité des jeunes hommes ‘à risque’ de Montréal-Nord et c’est là le sujet de notre film. Produit par Jeannine Gagné à Amazone Films avec une license de Canal D et la participation financière de la SODEC et du Fonds des Médias du Canada, il suivra trois jeunes qui font des efforts pour améliorer leur situation malgré le contexte difficile.

Jusqu’à maintenant, notre principal défi a été le ‘casting’: le choix des principaux personnages. Chacun des jeunes que nous choisirons est en lien avec un organisme communautaire qui tente d’aider la jeunesse, et surtout avec des individus clés de ces organismes, travailleurs de rue ou intervenants sociaux.

Dans quelques semaines, je vous présenterai nos principaux personnages. Je vous parlerai aussi d’une formation sur la production vidéo que nous avons donné à quelques jeunes du quartier.

Martin Duckworth tourne à Mtl-N.
DOP Martin Duckworth
MI et Big Joe à Montréal-Nord.
Je mets un micro sur ‘Big Joe,’ Jonathan Duguay, intervenant jeunesse à la Maison Culturelle et Communautaire de Montréal-Nord.

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Godin Doc: A Reminder of Heady Times

Gérald Godin and Pauline Julien
I have said this before: I often find myself writing about Quebec matters in English, because I feel like telling non-francophones about what goes on here.

Traditionally, St. Lawrence Boulevard – a few blocks from my house – has been thought of as the dividing line between English and French Montreal, with the francophones living mainly in the East. Although a huge simplification, this notion still bears some truth.

And well East of that line there is a fantastic neighbourhood cinema called the Beaubien that attracts people from many other parts of town. It usually mixes in documentaries with its mainstay of independent – or at least creatively interesting – fiction.

Screening right now at the Beaubien is Godin, a very good documentary by Simon Beaulieu about Quebec poet and politician Gérald Godin. It takes us back to the heady days when the independence movement in Quebec was on the march, winning a provincial election in 1976 and losing a referendum with a very close margin in 1995. The film seems to have struck a chord. The day I was there, the theatre was full for a 1.30 pm screening!

Godin was an irreverent poet who loved the good life. He lived for thirty years with one of my favourite singers, the passionate Pauline Julien – I was honoured that she accepted to narrate the French version of one of my films, Uranium. In 1988 Dorothy Todd-Hénault made a very good NFB film about the couple: Quebec… un peu… beaucoup… passionnément….

Godin was a tremendously open-minded and inspired politician who once famously defeated then premier Robert Bourassa in the riding of Mercier where I live. Although he was a Quebec nationalist who fought for independence, Godin was intensely interested in the cultural and linguistic minorities, and actually got a lot of immigrants to vote for the Parti Québecois.

He liked to de-dramatize the linguistic conflicts here. I remember him giving a bilingual TV interview in a local grocery store, saying, “Potato–patate, tomato-tomate, orange-orange – Quel est le problème? What’s the problem?” But of course he did support the protection and promotion of the French language.

Godin became Quebec’s Minister of Immigration and Cultural Communities under René Levesque, at a time when Pierre Trudeau was Prime Minister of Canada. As I left the screening, I heard a white-haired lady say: “Today’s politicians are sorry sight, compared to those days.”

The most touching part of the film deals with Godin’s illness – a brain tumour severely slowed him down and eventually killed him at age 56. We see him in archival footage still doing his best to represent his constituency during the last years, half his head shaven, and saying in essence, “When you’re seriously ill, you have to pack a lot in, because you know there isn’t much time left.”

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“La clé 56” – Chapeau Alex !

Cle 56-michele
Michèle, une patiente de l’Hôpital. Photo Alexandre Hamel.

Depuis deux ans je regarde avec intérêt ce qui se fait en documentaire pour le web. Il y a parfois des choses intéressantes, mais on est aussi souvent déçu. Beaucoup de projets sont un peu didactiques et manquent d’émotion. Les gros projets sont souvent de qualité très inégale.

Mais un de mes anciens stagiaires, Alexandre Hamel, un jeune qui a du talent en tant que cinéaste (en plus d’être patineur artistique de classe mondiale!) a réalisé un petit bijou de documentaire web qui s’appelle “La Clé 56”, sur les patients de l’hôpital psychiatrique Louis-H. Lafontaine. Jetez un coup d’œil ici a la bande annonce et ici (épisode 1) avant de lire ma petite entrevue avec Alex.

Tout le monde qui travaille en documentaire sait que c’est extrêmement difficile d’avoir accès et de pouvoir filmer à l’intérieur d’un hôpital psychiatrique. Comment tu as réussi ce bon coup?

En mai 2009, je n’avais pas de travail. Un de mes amis a attiré mon attention sur une offre d’emploi de l’Hôpital psychiatrique Louis-H.Lafontaine. L’annonce était dans le journal “Voir“. L’employeur cherchait un cinéaste pour un projet à réaliser dans l’hôpital, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur Internet.

J’ai appliqué, puis j’ai passé une entrevue où les candidats devaient présenter un projet qui aiderait à déstigmatiser la maladie mentale. N’importe quel type de projet pouvait être présenté. Je suis passionné par le documentaire et je me spécialise dans le contenu web. J’ai donc présenté le projet d’une série de courtes capsules vidéos qui suivrait la vie de patients de l’hôpital.

Finalement, je n’ai donc rien “réussi”. J’ai tout simplement obtenu l’emploi!

La direction et le département des communications de l’hôpital rassemble des gens très progressistes, très “in”. C’est eux qui ont fait les premiers pas pour faire accepter une première: la présence d’une caméra dans l’hôpital. Ils se sont rendus compte que les petits vidéos genre “corpo”, et les autres stratégies de communication instutionelle habituelles n’atteindraient pas le public, seraient un coup d’épée dans l’eau et ne réussiraient pas à venir à bout des immenses tabous liés à la maladie mentale. Ils ont donc joué le tout pour le tout et ont fini par obtenir toutes les autorisations nécessaires.

C’est là qu’ils m’ont donné la Clé 56, le passe-partout de l’hôpital…

Malgré les lettres d’autorisation, mon badge, ma clé, les gardiens de sécurité ont mis quelques semaines à s’habituer à ma présence et à ne pas réagir.

Il ne restait plus qu’à convaincre les individus (travailleurs et patients) de se prêter au jeu. C’est là que la vraie difficulté commençait…

Cle 56 - infirmiere

Alexandre avec deux de ses principaux personnages.

La vraie difficulté a été de trouver les perles rares qui accepteraient de participer au projet de documentaire.

Au niveau des patients, ça a été facile. Les gens atteints de maladies mentales souffrent autant de leur maladie que du fait qu’ils ont une mauvais image de “fuckés mentaux”. De nombreuses personnes atteintes sont donc venus à moi volontairement et avec enthousiasme. Ils voulaient participer, faire leur “coming out” et jouer un rôle dans cette campagne de sensibilisation.

J’ai été supris de l’intelligence et de la vivacité des gens qui sont devenus mes sujets. En passant, la maladie mentale n’atteint aucunement l’intelligence des gens. On se trompe souvent avec la déficience intelectuelle, qui est quelque chose de bien différent.

Ça a été beaucoup plus difficile de trouver des sujets au niveau du personnel de l’hôpital. Une caméra dans leurs pattes, ça les dérangeait dans leurs habitudes. Plusieurs n’aiment pas les caméras. Et ils avaient moins à gagner dans ce projet que les personnes atteintes qui seront premières à bénéficier d’un changement des mentalités.

J’ai donc fini par trouver mes perles rares: quelques médecins, infirmières et préposés qui, malgré leur timidité, ont accepter de participer par pure générosité. Ces gens là sont extrêmement occupés… On connaît tous le débordement du sytsème de santé. Quand même, ces précieux partenaires du projet prenaient le temps nécessaire pour tout m’expliquer: les traitements, leur point de vue, plus à propos des maladies, etc. Sans eux, ça n’aurait pas fonctionné. Ils l’ont fait pour aider cette campagne de déstigmatisation.

Ces professionnels que j’ai filmé, que ce soit des médecins, des infirmières ou des préposés, ce sont l’élite de ce petit monde des soins psychiatriques. Ceux qui sont là pour aider les personnes atteintes, même si c’est au-delà de leur définition de tâche. Ça a été une belle expérience de voir ces gens à l’œuvre. Dans la petite série de 6 fois 4 minutes, on ne les voit pas assez, j’aurais voulu en montrer plus.

Et tu travailles sur une suite ?

Mon nouveau projet me permet d’explorer une réalité que j’avais aperçue brièvement à travers “Clé 56”, mais sans avoir le temps de la découvrir vraiment. 1500 patients de l’hôpital vivent dans des ressources externes, des maisons anonymes réparties un peu partout dans l’est de Montréal. Ça explique pourquoi l’hôpital qui acceuillait des milliers de patients n’a plus qu’environ 500 lits.

Cette fois, on m’a prêté une chambre dans une de ces résidences. J’ai passé énormément de temps à vivre avec et filmer des gens atteints de maladies mentales et tentant de se réintégrer doucement à la vie “normale”. La réadaptation continue durant des années après le congé de l’hôpital. C’est ça la désinstitutionalisation.

Je fais encore une série web qui sortira en mai 2011. Cette série mettra en vedette quelques résidents qui ont réalisé eux-mêmes des vidéos exprimant leur vision de la maladie mentale. Des petits bijoux…

Après, je sortirai une série télé qui passera à TV5. Je ne sais pas encore quand exactement mais ce sera 8 épisodes de 25 minutes. Ce format me permet d’aller beaucoup plus loin dans l’intimité et la réalité de mes sujets.

Et après, une deuxième petite série de capsules web sur des anecdotes du tournage.

Bref, un gros projet….

Et je suis en écriture pour d’autres choses, après. Suite à un voyage au Labrador et à Terre-Neuve, je m’intéresse présentemment au dépeuplement en région et à la pêche.

Alors, oui, ce sera bel et bien la fin de mon travail dans l’univers de la psychiatrie. La prochaine fois que j’irai à Louis-H.Lafontaine, ce sera probablement pour moi-même! ;o)

Merci à Tobi Elliot pour l’aide avec le blogue.

Salut Ti-Guy!

Commémoration Guy Tremblay
This past weekend I attended a memorial service for Guy Tremblay, a sometimes-homeless singer and volunteer worker affectionately known as ‘Ti-Guy’ in the shelters and soup kitchens in downtown Montreal.

The service, at the Notre Dame des Lourdes chapel on St. Catherine street East was warm and unpretentious, marked by the social context of an area that has a lot of marginalized people. The testimonies to Guy were touching, describing him very candidly as a sometimes-manipulative guy with addiction problems, but sensitive, generous and talented.

Guy was one of the main characters in my film Les Enfants de Choeur/The Choir Boys, about Montreal’s homeless choir, La Chorale de l’Accueil Bonneau, released about ten years ago. My terrific editor Louise Côté really liked Guy, and all his good and not-so-good sides were much in evidence in the film. People sometimes ask me – with a critical tone in their voice – why I included a scene were Guy, under the influence, pointedly tells me “Magnus, if you film me now I will…” He didn’t say #*$#@#, but it’s clear what he meant. Well, we showed him the fine cut, and he graciously accepted it without requesting any changes.

Guy was 47 when he died, one week after participating in his last concert. The homeless choir has come back to life, under the name ‘La Chorale sous les étoiles,’ the Choir under the Stars. They sang at the service – not a funeral, because Ti-Guy had been buried already in his hometown of St. Siméon.

The producer of ‘Les Enfants de Choeur’, Paul Lapointe, as well as the editor Louise Côté and DOP’s Martin Duckworth, Andrei Khabad and François Beauchemin join me in saying: Salut Ti-Guy, you enriched our lives and we are grateful for it.

Thanks to Tobi Elliott for her help with this blog.

Premières vues et ‘Chercher le courant’

Si vous lisez mon bloque régulièrement, vous avez probablement remarqué que je ne critique que très rarement le travail d’autres documentaristes. Mais j’ai été invité récemment à participer à une discussion à l’émission Premières Vues, diffusé sur Canal Vox, la télévision communautaire de Vidéotron/Québecor.

Après avoir parlé de ma propre démarche, j’ai discuté du film ‘Chercher le Courant’ avec les deux réalisateurs Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldère. Le film est construit autour de leur descente de la rivière La Romaine en 2008, l’année avant que commençait le harnachement de celle-ci par Hydro-Québec.

Le voyage est entrecoupé de scènes d’une enquête systématique sur les alternatives énergétiques plus vertes qui ne détruisent pas des rivières et qui ne créent pas ou peu de gaz à effet de serre – menée d’ailleurs par le comédien Roy Dupuis. Et comme le but de l’exercice était de discuter du film, j’ai du exprimer mon point de vue.

D’abord, j’ai tenu à féliciter les deux cinéastes pour leur sens de l’initiative et leur courage. Non seulement ils ont entrepris une expédition de 700 km en canot sur une rivière difficile – de sa source au Labrador jusqu’à l’embouchure dans le St. Laurent. Ils ont en plus réussi à réaliser un film très ambitieux et substantiel malgré un contexte très difficile et un financement nettement insuffisant. Étant moi-même kayakiste de rivières et documentariste, je suis en mesure d’apprécier l’ampleur des défis qu’ils ont relevé. Comme premier film, c’est impressionnant.

Alors chapeau! – au producteur Denis McCready et les Films du Rapide Blanc aussi.

Premières vues - Chercher le courant
MI, Nicolas Boisclair, Frédéric Corbet et Alexis de Gheldère.

Par contre, dans l’émission – qui sera diffusée cette semaine – j’exprime aussi des critiques par rapport au film. Pour moi, l’histoire dramatique qui aurait pu être bien plus développée était justement la descente de la rivière, avec ses multiples embûches et rebondissements. Il fallait juste le dire pour que les deux cinéastes se mettent à raconter plein de dimensions de cette aventure qui ne sont pas dans le film. Ils ont voulu faire un film plus didactique, parce que leur mission en était une d’éducation populaire sur les choix énergétiques. A mon sens la qualité du film en tant que film se trouve à en souffrir.

C’est un choix très différent de celui que j’avais fait en réalisant Power (Tension) sur la campagne des Cris pour sauver la Rivière Grande Baleine au début des années 1990. Pour moi, il faut avant tout raconter une histoire captivante de manière cinématographique, plutôt que d’inclure toutes les informations et analyses dans le film. Ceci dit, j’ai déjà fait des films plus didactiques et dénonciateurs moi-même.

Et…. ‘Chercher le Courant’ est un excellent outil d’éducation, certainement un film à voir pour mieux comprendre nos options énergétiques.

L’émission Premières vues est animé de façon très dynamique par Fréderic Corbet. Elle sera diffusée jeudi à 19.30 avec de multiples reprises au cours des jours suivants.

Merci a Tobi Elliott pour l’aide avec le blog.