Hommage à Garry Beitel

Bonjour/Shalom film poster
Poster pour le film 'Bonjour! Shalom!' de Garry Beitel.

Heureusement la Québec a une politique culturelle et s’est donné le cadre institutionnel nécessaire pour la mettre en pratique. La semaine passée, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) remettait des bourses de carrière à quatre cinéastes : Jean-Pierre Lefebvre, Mireille Dansereau, André Gladu, et Garry Beitel. Ma collègue Helene Kladowsky et moi avons eu l’occasion de dire quelques mots sur l’impressionnant carrière de Garry, que voici.

MAGNUS:
Le contexte de production du documentaire est difficile, les fenêtres de diffusion et opportunités de financement se font rares. Dans ce contexte, les bourses de carrière du CALQ sont fort apprécieés. Nous sommes honorés d’avoir l’occasion de rendre hommage à Garry, un collègue inspirant et prolifique. J’ai l’impression que chaque année il sort un nouveau film, film qui raconte toujours une histoire touchante qui nous fait réfléchir sur la condition humaine.

HELENE:
À la fin des années 80, quand je suis arrivée à Montréal de Toronto, j’ai très vite entendu parler de Gary, ce grand cinéaste anglophone qui a exploré toute la richesse culturelle du Québec. Enraciné dans la culture anglophone et la communauté juive, Gary est aussi parfaitement bilingue et amoureux de la culture francophone de Montréal. En tant que cinéaste engagé, Gary a été un modèle pour moi.

MAGNUS:
Durant trente années, Garry a documenté des rencontres passionnantes entre des individus qui représentent différentes communautés, différentes sensibilités et différents points de vue. Des individus qui – comme Garry lui-même – tentent de construire des ponts et trouver un terrain commun, un langage commun.

Il a documenté des rencontres entre jeunes et personnes âgées – dans par exemple Livraisons Aigre-Douces

entre citoyens de souche et nouveaux arrivés – comme dans Aller-Retour ou Asylum.

Entre juifs et non-juifs – Helene vous mentionnera plusieurs titres –

Entre Anglophones et Francophones – comme dans Rien de Sacré

Entre gens en santé et gens malades et souffants – dans Endnotes par exemple, ou The Man who learned to fall.

Ces rencontres, il les documente toujours avec beaucoup de respect, avec de la compassion, avec un sens de l’humour. Ses films nous font découvrir des voisins que nous ne connaissions pas, ou pas asssez, et de comprendre les défis auxquels ils font face.

Je trouve ses films sur les gens qui sont gravement malades et sur les gens qui tentent de les aider maintenir une dignité et à donner un sens à la vie très touchants.

Ses films ajoutent des couches de profondeur à des gens et des lieux que nous pensions connaître. En voyant ses films nous nous aperçevons que cette connaissance était superficielle et qu’il y avait bien plus à savoir, sur le restaurant smoked meat a coin de la rue, sur l’artiste local que nous avions entendu à la radio, ou sur les caricaturistes des principaux quotidiens – anglais et français bien évidemment, qui nous font rire et réfléchir tous les jours.

Les films de Garry sont appréciés sur les écrans, grands ou petits, ici et ailleurs. Ils enrichissent notre mémoire collective, et demeurent pertinentes pour des années, voir des décennies, après leur sortie.

HELENE:
Garry s’est intéressé dans ses films à des communautés, à des individus en transition et à des artistes. Des films qui sont merveilleux.

Il a aussi fait vivre à l’écran la communauté juive du Québec dans toute sa diversité. Dans Bonjour! Shalom!, il a posé un regard sur les rapports parfois tendus, parfois harmonieux entre les juifs hassidiques et leurs voisins francophones et non religieux. Ma chère Clara raconte une histoire d’amour juive qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale à Montréal, en Pologne et en Russie.

Chez Schwartz nous fait pénétrer dans l’univers multiethnique des personnages et Socalled, le film, nous fait découvrir un artiste qui fusionne la musique traditionnelle klezmer, le hiphop et le funk. À plusieurs reprises, la communauté juive de Montréal a honoré Garry pour son travail et pour sa contribution humaniste.

En yiddish, une autre langue que Gary possède, on dirait de lui qu’il est un véritable « mensch », c’est à dire un être humain d’exception. Toutes mes félicitations Gary.

Merci a Tobi Elliott pour son aide avec le blogue.