Doc engagé: Numéro spécial de la revue Possibles.

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André Thibault, photo Simon Bujold

A l’invitation de André Thibault, j’ai collaboré au numéro spécial de la revue Possibles sur ‘le documentaire, art engagé’ qui vient de sortir. Au menu une table ronde avec des documentaristes ainsi que des articles sur notamment le collectif des Lucioles, Gilles Groulx, le documentaire et les femmes et bien d’autres sujets. En plus de participer à la table ronde, j’ai contribué un article intitulé ‘Le temps joue pour nous,’ et une entrevue avec le grand documentariste de L’Inde Anand Patwardhan. J’ai posé quelques questions à André Thibault, le principal responsable du numéro.

Explique-nous c’est quoi la revue Possibles.

Ce périodique, qui a 31 ans d’âge, s’est voulu dès le départ une revue d’idées progressiste et critique non alignée à une orthodoxie idéologique, combinant des essais sur des sujets sociaux, politiques, économiques et culturels regroupés chaque fois autour d’un thème – et des textes de poésie et de fiction. Les fondateurs incluaient des sociologues engagés (ex. Marcel Rioux, Gabriel Gagnon) et des poètes (ex. Gaston Miron, Roland Giguère). Les valeurs d’autonomie et d’émancipation constituent le fil conducteur de la diversité des sujets traités. Distribuée par Dimédia, la revue est présente dans les principales librairies a vocation culturelle. Autrement, on peut s’y abonner ou commander un exemplaire en appelant 514-529-1316. La page WEB Possibles donne l’éditorial et la table des matières des derniers numéros, mais n’est pas interactive.

Pourquoi vous avez choisi de faire un no spécial sur le doc engagé ?

Il nous est apparu que dans l’actuelle relance des mouvements et de la critique sociale, le documentaire, de plus en plus mûr comme forme d’art, s’inscrivait comme partenaire important à côté des formes plus classiques d’activités de sensibilisation et de mobilisation : revues, livres, conférences, colloques, manifs. Nous avions besoin de mieux comprendre (et de le faire partager à notre public lecteur) la spécificité de son apport et le pourquoi de l’engouement qu’il connaît présentement. Face à la fébrilité éclatée des diverses formes d’intervention en rupture avec la pensée unique, c’était aussi l’occasion de bâtir des ponts entre partenaires poursuivant les mêmes buts mais ayant peu d’occasions de se rencontrer et encore moins de travailler ensemble.

Qu’est-ce que tu as appris en faisant ce numéro ?

D’abord la ferveur de la communauté virtuelle que constituent les documentaristes, ferveur tant sociale que créatrice. Comme je l’ai fait ressortir dans mon édito, l’alliage d’engagement et d’empathie m’est apparu un trait dominant : plus d’émotion humaine dans l’engagement, et plus de vision sociale dans l’exploration de l’émotion humaine. Les documentaristes représentatifs des tendances présentes n’ont pas de solution magique à proposer et encore moins à imposer, ils ne divisent pas le monde en une colonne des absolument bons et une des absolument méchants. Ils viennent chercher l’être sensible et le citoyen dans chacun et l’amèment à se questionner et à ajouter ses propositions dans un débat citoyen permanent revigoré. Et cela en utilisant toutes les ressources de l’art de raconter, mais appliquées au réel.

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Magnus Isacsson

As an independent documentary filmmaker I have made some fifteen films dealing with social, political and environmental issues. Previously I was a television and radio producer. I was born in Sweden in 1948, immigrated to Canada in 1970. I live with Jocelyne and our daughter Béthièle in Montreal, and my older daughter Anna lives in Toronto.