Vu aux Rencontres: Le déshonneur des casques bleus

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3 filles.Congo

Rape victims in the Democratic Republic of Congo.

J’ai vu encore plusieurs films aux Rencontres Internationales du documentaire de Montréal. Notamment le film danois The Monastery qui raconte une histoire tellement extraordinaire qu’on oublie que le tournage manque de professionalisme. Au Danemark, un vieil homme excentrique décide de léguer son château – il en a un, mais très délabré – à l’église orthoxe Russe, pour en faire un monastère. Lorsqu’arrive une délégation de soeurs pour en prendre possession, les tensions sont vives et parfois drôles. Et la cinéaste, Pernille Rose Gronkjaer, arrive a se rapprocher beaucoup du vieillard, M. Vig auquel on finit par s’attacher. Prix Joris Ivens à IDFA 2006.

J’ai vu aussi Ghosts of Abu Ghraib, une enquête très poussé sur le scandale de la torture dans cette prison infâme en Iraq. Une production pour HBO, style télévisuel léché et efficace, le film ne laisse aucun doute que les responsables ultimes de la torture sont les dirigeants politiques et militaires américains.

Mais je voulais vous parler en particulier du nouveau film de Raymonde Provencher, Le déshonneur des casques bleus, sur l’épidémie de viols et autres crimes sexuels commis par les soldats des Nations Unies dans plusieurs pays, en particulier en République démocratique du Congo ou l’essentiel du film a été tourné. C’est une enquête sans complaisance, très solide et très bien tourné qui se situe tout à fait dans la lignée d’un film précédent de Raymonde, War Babies, sur le viol comme arme de guerre. Les deux sont des productions de Macumba International, une petite compagnie de production avec une feuille de route impressionante, basée à Montréal.
Photo Raymonde

Il faut dénoncer les agissements des casques bleus, c’est clair, mais ça prend du courage pour le faire. J’ai demandé à Raymonde si elle a hésité, si elle a eu peur de donner des ammunitions aux ennemis des Nations Unies et du principe de l’intervention multilatérale pour assurer la paix. Voici sa réponse:
“N’a-t-on pas toujours un débat avec nous-mêmes lorsque nous sommes confrontés à de telles situations? Dire ou ne pas dire, n’est-ce-pas… Dans cette histoire, je suis carrément du côté des victimes. J’ai été tout-à-fait choquée par le comportement irresponsable de certaines personnes travaillant pour les Nations-Unies. Des personnes qui ont une autorité morale, quand ce n’est pas une autorité tout court, sur des populations civiles totalement vulnérables. Dès le début, j’ai spécifié dans mon scénario que je ne remettais pas en cause l’existence des Casques bleus. Faute de mieux, cet outil d’intervention de la communauté internationale doit être maintenu, mais on ne saurait tolérer qu’il soit à ce point perverti. On ne parle plus de cas isolés, mais de sérieux dérapages, de crimes, de pédophilie qui restent la plupart de temps impunis. Et les victimes? Déjà victimes de la guerre, de règlements de comptes, ayant tout perdu, déplacées dans des camps. elles ont vu arriver les Casques bleus avec l’espoir qu’enfin, leur cauchemar prendrait fin. Cela me fait penser à ces Rwandais qui ont cherché refuge dans les églises pendant le génocide, pour découvrir que le curé, ou la religieuse, était de mèche avec les tueurs… Alors non, je ne crois pas que je vais donner des munitions aux ennemis de l’ONU – ont-ils autre chose à proposer? – mais je ne crois pas que sous ce prétexte, on doit taire la vérité. Il faut corriger le tir, et c’est urgent, sinon, les Nations-Unies n’auront plus aucune crédibilité. Et c’est le travail de tout le monde, y compris les documentaristes, d’attirer l’attention sur les problèmes à régler..”

A voir, définitivement ! Il y aura une deuxième projection du film mardi le 13 à 20 hres, suivi d’un débat.

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Magnus Isacsson

As an independent documentary filmmaker I have made some fifteen films dealing with social, political and environmental issues. Previously I was a television and radio producer. I was born in Sweden in 1948, immigrated to Canada in 1970. I live with Jocelyne and our daughter Béthièle in Montreal, and my older daughter Anna lives in Toronto.

One thought on “Vu aux Rencontres: Le déshonneur des casques bleus”

  1. c’est malheureux de voir tout ça dans un cantinant pareil au vu et au su de tt les instances internationales,,,, je vous souhaite beaucoup de courages et une continuation concluante ,,chabane

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