A year in class, fiction meets documentary.

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A still from Laurent Catnet’s film The Class [original French title: Entre les murs]

Have you noticed how many and how many recent fiction films look like documentaries, or are inspired by documentaries? I recently wrote about Milk – up for several Oscars – which borrows many scenes from the documentary The Times of Harvey Milk. Last fall I saw a marvellous fiction film which had many scenes with a purely documentary quality, Tulpan, a story from the life of sheep herders on the Kazakh steppes, by Sergei Dvortsevoy. And one of my favourite films this year, nominated for best foreign film at the Oscars, is the French film The Class, by Laurent Cantet (Entre les murs is the French title). The director came upon a reality-inspired novel by François Begaudeau, a teacher in a ‘difficult’ multiracial school in the suburbs of Paris, describing some of the challenges he was up against. Cantet then organized improvisation groups with actual college students and did a combination of casting and training, until he was able to put together his own fictional class. The students drew upon their own experiences to develop their characters. The result is surprisingly convincing, subtle but dramatic, and very documentary-like. It got the ‘Golden Palm’ award at Cannes.

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A frame from Nicolas Philibert’s documentary Être et avoir [‘To Be and to Have‘]

Seeing this film reminded me of two other excellent documentaries which also did nothing more than spend a year in class, but did it well. There was the touching Être et avoir (To Be and to Have) by Nicolas Philibert, shot in a small class in a primary school in France, which had a long run in theatres there and in many other countries. The film got additional press coverage as the main character, the marvelously attentive school teacher Georges Lopez who showed another side of his personality and claimed large sums of money from the producers after the film was successful. And there was La Classe de Madame Lise, a film shot in the multicultural neighborhood of Mile-End in Montreal, nearby where I live. Directed by Sylvie Groulx and produced by Galafilm, the film got a Genie for best doumentary in 2006.

(Another Oscar-nominee for best foreign film this year is Waltz with Bashir, a hybrid, combining documentary and animation.)

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An image from La Classe de Madame Lise – a movie by Sylvie Groulx

Thanks to Jorge Bustos-Estefan for help with this blog.

‘Islam Québec’ à Canal Vie: les défis de la production

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Lorsque la série Manifestes en série de Hugo Latulippe a été télédiffusée l’année passée, j’étais trop occupé pour regarder plus que quelques bribes, mais j’ai pris bonne note du fait qu’un réseau spécialisé (Canal D) diffusait une série intéressante et progressiste. Maintenant, une autre chaîne spécialisée, Canal Vie – aussi propriété d’Astral Média – vient aussi de commencer la diffusion d’une série fort intéressante, Islam Québec. Sous-titré ‘un accès privilégié chez de nouveaux arrivants’ cette série de 13 épisodes nous fait entrer dans le quotidien de trois familles du Maghreb vivant au Québec depuis quelques années seulement. Le premier épisode nous a fait rencontrer des gens hautement scolarisés, très articulés et sympathiques, qui sont dans un impasse: malgré tous les beaux discours sur l’ouverture et l’intégration, trouver un emploi s’avère presque impossible. On sent le découragement et la désillusion. Du point de vue production, on sent que la série n’avait pas des moyens illimités, loin de là, mais les auteurs ont certainement pris le temps de construire une relation de confiance avec les sujets.

Ma collègue Louise Lemelin a développé le projet et en a assuré la production déléguée avec les deux réalisateurs Charles Gervais et Sophie Lambert, dans le cadre de la maison d’une production Trinôme. Je lui ai posé deux questions.

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Louise Lemelin

VERSION COURTE

Magnus Isacsson : Tu as déjà travaillé pour Radio-Canada en tant que contractuelle et en faisant des films avec des producteurs privés mais pour la télévision publique. Faire une série pour la télévision spécialisée, est-ce bien différent ? Comment il faut adapter ses méthodes de travail ?

Louise Lemelin : Les télévisions spécialisées sont parmi celles qui diffusent le plus de séries documentaires. Ces diffusions répétées permettent d’avoir un impact intéressant sur le débat public. Aussi, Canal Vie, avec des émissions de déco et de mode atteint un auditoire de femmes modernes, allumées, auquel elle présente aussi une programmation documentaire costaude : pensons au Voyage d’une vie, à Bouffe Malbouffe, aux Dessous de l’assiette, à Trisomie 21 / Défi Pérou. On peut donc atteindre par ce diffuseur un auditoire qui n’est pas celui des télévisions généralistes et qui pourrait être plus influencé que d’autres par la mauvaise presse dont sont victimes les musulmans installés au Québec. Va sans dire qu’il faut tenir compte des habitudes de ces téléspectatrices et du style du diffuseur auquel elles sont attachées.

Évidemment, les moyens de production disponibles ne sont pas les mêmes. Le nombre de jours de tournage et de montage sont même plus restreints que c’est le cas pour les reportages d’actualités produits pour les télévisions généralistes. J’ai passé 8 mois à faire la recherche et à scénariser avant d’entrer en production pour savoir où l’on allait et pouvoir s’ajuster rapidement devant l’imprévu. Ça m’a aidé en production à gérer le projet en fonction des objectifs visés. La production s’est adjoint des réalisateurs imaginatifs, sensibles et inventifs. Vous remarquerez à la diffusion qu’en fixant certains patterns de tournage, ils ont facilité le montage et diminué les besoins en narrations. Les réalisateurs ont combiné plusieurs approches pour filmer les épisodes: la manière du cinéma vérité, des plans plus cadrés et des séquences suscitées. Ces façons de procéder permettent plus de contractions et donnent à la série sa signature particulière, deux avantages dans un environnement télé. Toutefois, la durée de 22 minutes entrecoupée de pauses publicitaires rendait inévitable l’usage de narrations. D’autant plus qu’une télévision qui présente beaucoup de magazines crée des attentes en ce sens. Faire une série avec un financement de télévision spécialisé, cela exige une production hyper ficelée et beaucoup beaucoup de talent et d’énergie.

MI : Le sujet que vous avez abordé n’est pas facile, on sait qu’il y a des perceptions négatives pour ne pas dire des préjugés. Par quelles réflexions êtes-vous passés avant d’arriver à la formule, le style, le contenu que vous avez choisi ?

LL : Au départ, j’étais très intéressée à me pencher sur ce qui était, dans la foulée des débats sur les accommodements raisonnables, l’un des grands enjeux de notre société. À l’origine, la série devait être une série documentaire où nous filmerions le quotidien d’une famille musulmane s’installant au Québec. Rien de tel qu’une démarche documentaire dans la durée. Nous nous sommes rendus compte qu’en percevant les musulmans installés au Québec comme une communauté d’abord préoccupée d’obtenir des accommodements religieux, et risquant de faire revenir le Québec à l’époque de la grande noirceur, nous, les Québécois nés ici, étions vraiment très loin de la réalité! Les statistiques effarantes sur le chômage des Maghrébins nous ont particulièrement ébranlés.

La question de l’égalité des femmes préoccupait toute l’équipe. Au départ, plusieurs d’entre nous étaient plutôt réfractaires à l’idée du voile et le considéraient comme un signe de soumission. La recherche et la production dans la durée nous ont amenés à voir les choses de façon beaucoup plus nuancée. L’immigration demande beaucoup de courage et exige des couples énormément de complicité. Les femmes, voilées ou non, en mènent large, à la fois dans ce projet et dans la vie de famille. Plusieurs sont des professionnelles de haut niveau. Le drame, c’est que ces couples sont venus sans se rendre compte de la difficulté d’accès aux métiers et aux professions régis par des ordres professionnels. Ils se retrouvent en situations très précaires. Le vrai danger pour le Québec c’est la formation d’une communauté humiliée, vilipendée, où la dépression se répand de façon insidieuse.

Pour tout le monde, et indépendamment de la sympathie que nous pouvions ressentir pour l’un ou l’autre des participants, le tournage a été très ardu. La série doit beaucoup aux familles participantes et aux autres personnes qui ont témoigné. Pour les Maghrébins, l’expérience documentaire et télé est complètement exotique. Il n’existe ni au Maroc, ni en Algérie l’équivalent de l’émission que nous étions en train de faire. Alors que nous filmions avec grande parcimonie, nos participants trouvaient le tournage épuisant. Tous les musulmans interviewés craignaient de se voir dénigrer à nouveau comme c’est trop souvent le cas depuis 2001, particulièrement avec l’incident d’Hérouxville et les débordements devant la Commission Bouchard-Taylor

C’est ainsi que la série est devenu ce documentaire réalité qui combine l’enquête sur des enjeux fondamentaux et la découverte d’êtres humains touchants, à la fois semblables et différents de nous. Nous croyons que les Québécois qui verront la série s’attacheront aux personnages et s’attaqueront, dans la mesure de leurs moyens, aux obstacles qui bloquent leur intégration, au premier chef, l’intégration en emploi. Au nom de l’équipe, j’émets un vœu : que des employeurs qui auront vent de la série offrent enfin aux parents des trois familles suivies pendant près d’un an, des emplois à hauteur de leurs compétences et de leur expérience!

Pour lire la VERSION LONGUE cliquez ici.

A passionate pursuit, but can you make a living?

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Myself and Simon Bujold (on camera) wearing our techincian hats, filming Annie Roy on St. Lawrence Avenue in Montreal. Photo by Michel Gélinas.

Fellow filmmaker Manfred Becker, director and editor based in Toronto (director of Fatherland, co-director of Diamond Road) recently wrote to me with a question. He was preparing for a workshop he was giving with Barry Stevens (Offspring, The Great Atlantic Air Race) as part of the Documentary Organization of Canada workshop series. He wanted a little input on the following question: ‘We all know that a lot of people feel passionate about making documentaries, but… can you actually make a living doing this?

Well, a few people can. With budgets in the millions of dollars, Michael Moore is certainly one of them. But for most documentary filmmakers survival is a real struggle. There used to actually be staff jobs for documentary filmmakers at the National Film Board but those positions were mostly abolished about ten years ago. Just a few months ago, the three last remaining NFB staff directors here in Montreal were let go. There are fewer and fewer jobs directing current affairs documentaries at the CBC – that’s where I did my early work. And funding for independent documentaries is more and more precarious, a situation aggravated by the recent Harper government cutbacks in the arts sector. The cuts that affect us filmmakers are the elimination of the Canadian Independent Film and Video Fund and the reduced subsidies for film schools.

Producing a documentary, especially one with a personal style or a socio-political edge, has become extremely difficult. This is why I feel that producers and directors committed to documentary filmmaking are in the same boat, fighting the same battle, and have to be each other’s strongest allies. DOC reflects this essential alliance well, with its membership made up of both directors and producers.

So, back to the question. How do you make a living? My feeling is that the great majority of documentary filmmakers have to either have another job or source of income on the side, or have to wear several hats on their projects. One filmmaker friend in Cape Breton has a small hydroelectric power station on his land, providing basic income. Another one comes from a wealthy family, in addition to being extremely talented. I recommend all of these avenues! But for most of us it is probably more realistic to make money from skills that are related to filmmaking. My friend Martin Duckworth has been teaching film production at Concordia University for years, and so have Daniel Cross and Mary Ellen Davis. Martin of course is a leading DOP, shooting films for other people. Other people do script editing, sound recording or editing. Ironically, you usually make more money working for others (because there is an actual daily rate) than on your own work (unlimited hours, very little pay).

In my own case, I think I only survive because I work in both English and French. If a project doesn’t find takers in one language universe, I can usually finance it in the other. I look for the special producers and commissioning editors who will take on a challenging project. I often invest a lot of money and especially time to get a project to the stage where I can convince producers and investors to get involved. On the side, I teach regularly but not a lot of hours at l’INIS (the Quebec film school) and occasionally elsewhere. I sometimes read scripts for the funding agencies or the National Film Board. But most of all, I wear several hats on my own productions: researcher, writer, production manager, sound recordist, and of course director. I also generally use my own equipment which I rent out to the producer (you noticed, producer is not one of my hats) and which I also rent out to other people when I’m not shooting. My projects generally take about five years from start to finish, so the income is spread pretty thin over those years. I spend far too much money paying interest on my credit line.

This brings us back to the question you asked, about the passion. I don’t think anyone who is not passionate and determined to make documentaries would accept to live with the prevailing, precarious, financial conditions. But of course it’s wonderful work, and it needs to be done.

Thanks to Jorge Bustos-Estefan for help with this blog.

Harvey Milk, documentary and fiction

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Harvey Milk (left); Sean Penn playing Harvey Milk (right)

Last week, I saw both the 1984 documentary The Times of Harvey Milk, directed by Rob Epstein, and the recently released fiction film Milk, directed by Gus van Sant. Both tell the story of the rise to prominence and assassination of the first openly gay man to be elected to public office in the U.S. Milk was elected San Francisco supervisor in 1977 but then gunned down along with Mayor George Moscone by a bitter rival. Comparing the two films is a fascinating exercise, as they cover pretty much the same territory and the documentary clearly inspired the fictional treatment. I am sure many students will be doing just that for their term papers. To me, the Oscar-winning documentary is worthy and competently made, definitely worth seeing (now available from Amazon) but more interesting as a historical record than as a piece of filmmaking: it’s pretty traditional and sometimes a bit plodding. But the fictional Milk is a true cinematic accomplishment, one of van Sant’s best films, which is saying a lot. It brilliantly establishes the homophobic context of the times, and the many struggles for gay rights not just in San Francisco but across the U.S. While many scenes are inspired by the documentary, other dimensions are added, particularly involving the assassin-to-be Dan White (Josh Brolin) and his relationship with Milk – played by Sean Penn in one of his best performances. Somewhat ironically I find that the fictional film is the greater inspiration for a documentary filmmaker, from the standpoint of dramatic structure, character development and contextualization. As you can tell, I recommend both of these films. Milk is still in theatres, and will surely be up for some Oscars. Epstein collaborated with van Sant on the treatment for Milk. For an interview with him rest here.

Thanks to Jorge Bustos-Estefan for help with this blog.

Le contenant le le contenu: Le Moulin à Images

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Paul Lapointe

Je vous avais parlé, avant de partir en Europe, de la projection fantastique de Robert Lepage, ‘Le Moulin à Images’, dans le cadre du 400e de Québec. Voici la réaction de mon ami Paul Lapointe. Il a longtemps travaillé pour l’ONF avant de devenir producteur indépendent et de fonder la compagnie Érézi en octobre 1996. Il a produit trois de mes films, et je le connais comme quelqu’un qui soulève toujours des questions de fond. Voici son point de vue sur ‘Le Moulin à Images’. (S’il nous parle de Orwell et Huxley, c’est qu’il sait que j’admire ces deux auteurs de romans d’anticipation et que je travaille sur un projet sur leur oeuvre. )

L’expérience du Moulin à images produit invariablement l’émerveillement. Une projection en extérieur jetée sur un écran de plus de 25 silos créant un rapport horizontal fabuleux, tout ça est effectivement inédit et remarquable d’audace. Le contexte du 400e anniversaire de Québec ajoute à cette expérience parfaitement singulière. Les défis techniques y sont vraiment formidables. Au delà de ces aspects, toutefois, personne ne réfère jamais au contenu, si ce n’est pour mentionner que Lepage y fait un survol historique de la ville de Québec. J’ai, comme tous, été très impressionné par le dispositif et par certains effets d’animation, notamment ces images saisissantes des chutes de Montmorency. Mais j’ai aussi été surpris et déçu de la linéarité du récit, de même que par l’absence complète de point de vue. Lepage est un artiste de grand renom, et mon intervention ne vise nullement à remettre en cause son oeuvre ou son génie. Mais son survol historique de Québec me parait non seulement linéaire et descriptif, il ne produit aucune émotion, et ne commente RIEN.

Mettre en place pareil dispositif pour ne rien dire me scie. Se rendre éloquent à ne rien dire, et dire ce rien au monde entier me stupéfait. Essayons d’imaginer une œuvre de Dominique Blain qui n’aurait pas de point de vue. Impensable, non ? Pourquoi Lepage se donne-t-il autant de mal à ne rien dire? L’attrait de la technologie aurait-il donc l’effet du parfait anesthésiant sur la raison ? Qu’en penseraient George Orwell ou Aldous Huxley?

Un nouveau défi pour Monique Simard

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Photo par Simon Bujold.
Monique Simard est une des productrices de documentaires les plus dynamiques du Québec (voir biographie à la fin), et elle a une vision du rôle du documentaire dans la société que je partage entièrement. C’est pourquoi je salue sa nomination au poste de Directrice du programme français de l’ONF. Je connais bien Monique, puisque – en plus d’avoir participé avec elle à des multiples réunions de comités, délégations de lobbying et panels – elle et son mari Marcel Simard ont produit trois de mes films dans le cadre de leur compagnie Les Productions Virage. Monique a une compréhension profonde de l’ensemble du contexte institutionnel de la production documentaire, et lorsqu’elle a fêté ses 10 ans de productrice il y a quelques semaines, je lui avait demandé une entrevue pour mon blogue. Tenant compte de sa nomination, je commence par vous livrer sa réponse à ce qui était en fait ma dernière question:.

Ayant accepté ce poste à l’ONF, comment tu vois ce défi et qu’est-ce que tu comptes y accomplir ?

Monique Simard: Je peux peut-être me tromper, mais j’ai quand même bien lu, 10 fois plutôt qu’une, le nouveau plan stratégique (du Commissaire à la cinématographie Tom Perlmutter, MI) qui m’a réjouit plus que le contraire. Sinon je n’y serais pas allé, j’aurais pas intérêt – je ne m’en vais pas là pour me bagarrer inutilement. Les couleurs sont annoncées, donc il faut que je puisse agir dans un univers ou au moins dans des orientations qui me conviennent; ce qui est le cas.

C’est évident que l’ONF est sous-financée. Il faut le dire, parce que c’est vrai. L’ONF n’a pas été indexée dans ses budgets depuis… très très très longtemps. Donc dans la vie, moi je suis une femme d’affaires. Quand ton budget n’a pas augmenté et que moi, je suis obligée de produire le même film aujourd’hui avec un budget plus bas qu’il y a 5 ans, ça veut dire que j’ai vraiment beaucoup moins de moyens. Donc, c’est vrai aussi pour l’ONF et l’ONF est aussi une institution publique, avec les lourdeurs et les contraintes qu’imposent l’institution publique. Une institution publique c’est de l’argent publique; il y a des comptes à rendre , il y a de la bureaucratie, il y a des conventions, il y a des systèmes, qui font que les espaces ne sont pas aussi libres. C’est-à-dire qu’il n’y a pas un champs de liberté, je dirais, entre guillements comme je peux avoir à Virage, où je me revire de bord sur un 10 cent; si ça ça marche pas je vais faire autre chose: ‘bonjour la compagnie,’ je n’ai des comptes à rendre qu’à moi-même et je n’ai des conséquences qu’à vivre moi-même… J’ai quand même des employés. Je suis toujours très préoccupée du sort des employés, de leur sécurité, de la qualité des productions et de protéger mes cinéastes, mais il reste qu’il y a là une plus grande liberté que quand on travaille dans le cadre d’obligations.

Mais, pourquoi j’ai fait le choix? C’est parce que justement, dans la période que l’on vit actuellement, avec ce cadre plan stratégique qui vient d’ être proposé, je sens qu’il y a là une possibilité d’expérimentation du nouvel univers de production (avec l’équipment plus accessible, les multiples plateformes etc. MI) . Et c’est pour ça que j’ai dit ‘’ok, je vais y aller’’. Moi j’ai surtout travaillé avec le programme français depuis 10 ans. J’ai produit beaucoup de films avec eux. Dont le premier: Des marelles et des petites filles’, mon premier, c’était un hit, celui-là. Peut-être que j’aurais pas continué si ça n’avait pas été ça. Nous sommes donc dans un nouveau contexte où je vais pouvoir oser dans une forme de creation et d’innovation. Aussi, pour avoir beaucoup travaillé avec le programme français, je sais bien ce que le programme a vécu depuis 10 ans. Je pense qu’il y a eu 6 ou 7 directeurs. Écoute, c’est ridicule. Une série aussi de malchances. Par exemple, Claudette Viau qui est tombée malade et qui a dû quitter pour des raison de santé, et il y a eu des démissions et de multiples intérims. Virage n’aurait pas réussi comme Virage a réussi – parce que je considère que Virage est une boîte qui a réussi – s’il n’y avait pas eu quand même une direction assez soutenue, avec une certaine cohérence pendant un certain nombre d’années. Virage a fait des choses différentes au fils des ans. Il y a toujours eu un fil conducteur, dans son propos.

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Une orientation vers le documentaire social…
Exactement, dans son propos de société même si les cinéastes peuvent l’aborder de façons différentes, même s’ils peuvent poser des questions d’une façon différente que par exemple, moi ou Marcel on les poserait, il reste que ça reste dans cette lignée-là. Bon, je ne pense pas que je ferais un documentaires sur les chihuahuas. (rires) Ou peut-être le faire d’une autre façon. Mais alors là, en acceptant ce poste-là je prends aussi une lourde responsabilité. C’est-à-dire d’essayer aussi d’asseoir une espèce de stabilité, dans un univers de changements. Alors ça, comment le faire… évidemment j’ai des petites idées, … ou des grandes idées ! En fait je pense que c’est ce qu’on attend de moi. On me l’a dit. Et aussi, je pense que c’est ce qui est nécessaire. Je connais mes capacités. Je sais que je suis capable de diriger des équipes. J’en ai fait pas mal dans ma vie. Je sais que je suis capable de mobiliser des gens. J’ai de l’expérience dans ce que c’est: bon ok, on se fixe un but, ok, pis là, on l’a. De stimuler les gens à aller dans une direction.

Un univers qui est à la fois production, mais aussi assez politique . C’est un avantage en travaillant dans une institution comme l’ONF d’avoir une experience variée.

C’est-à-dire d’une expérience de pouvoir fonctionner dans le cadre d’institutions où il y a plusieurs intervenants, il y a plusieurs intérêts et qui parfois peuvent s’entrechoquer. De pouvoir naviguer dans un univers comme celui-là, ça, je suis de ceux-là. Et ça, oui, parce que j’ai fait ça toute ma vie. Ça fait 36 ans que je travaille ! (rires) Je n’ai pas arrêté beaucoup dans ma vie, Alors c’est de l’expérience. Parfois, je dis… parce que à Virage on travaille avec des jeunes personnes. C’est quand même extraordinaire. Virage est fondé au fond, sur un petit noyau de personnes, outre Marcel et moi. Quelqu’un a dû quitter pour des raisons de santé, mais à part ça, les autres sont de jeunes femmes. Sauf exception, c’était leur première job en sortant de l’université. Que ça soit pour Nadège, Isabelle, Stéphanie ou Mélanie. Et donc, 10 ans, 9 ans, 7 ans et j’ai vu comment on est capable de stimuler, d’agir comme mentor, de former, tout en travaillant, tu vois ? Pis ça, je pense que je sais bien faire ça. Alors, moi je quitte Virage, entre autre, parce que comme je leur ai dit: ‘’Allez-y, là, c’est le temps ! Allez-y là ! Je suis plus là, prenez toute la place’’. Et je répéte tout le temps: ‘’Moi je dirgeais la CSN, j’avais 33 ans…’’. (rires) Alors, si j’étais capable de faire ça à 33 ans, vous êtes certainement capable de produire à Virage !

Voici un extrait du communiqué de l’ONF:

Mme Simard se démarque par son appui toujours renouvelé au cinéma socialement engagé, son énergie et sa vision claire pour le développement du documentaire d’auteur. Mme Simard croit profondément en la force sociale du documentaire, aux extraordinaires possibilités du cinéma d’animation et à l’innovation créative que permettent les nouvelles technologies numériques. À titre de producteur public, elle sait que l’ONF peut prendre des risques et, de ce fait, demeure un endroit unique pour conjuguer engagement, création et innovation.
Depuis 1998, Monique Simard est directrice générale et productrice aux Productions Virage, une des principales maisons de production indépendantes de documentaires au Québec. Son premier film produit, une coproduction avec l’ONF, s’intitule Des marelles et des petites filles’…, réalisé par Marquise Lepage. Monique Simard a depuis produit plus d’une trentaine de documentaires réalisés par des cinéastes de premier plan, dont À hauteur d’homme’ de Jean-Claude Labrecque (Jutra du meilleur documentaire 2004), ainsi que plusieurs coproductions avec l’ONF, dont Les réfugiés de la planète bleue’ d’Hélène Choquette et Jean-Philippe Duval. Toujours à l’affût des nouveaux talents, elle a également soutenu des cinéastes de la relève, telles Anaïs Barbeau-Lavalette et Karina Goma. En 2007, elle s’est associée à Turbulent, une des plus importantes firmes de production interactive au Québec, pour la création du site Internet primé de l’émission Le Fric Show, présentée à la télévision de Radio-Canada.
Très active dans le milieu, elle est formatrice en documentaire à l’Institut national de l’image et du son (INIS) et intervient régulièrement dans les médias au sujet du documentaire, du cinéma et de la télévision. Elle est également membre de plusieurs conseils d’administration, comme celui de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), dont elle préside la section documentaire, et celui des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, dont elle est un des membres fondateurs. Elle a été présidente de la Cinémathèque québécoise, en plus d’être cofondatrice et vice-présidente de l’Observatoire du documentaire.

Merci à Simon Bujold, Marie-Ève Tremblay et Georges-Étiennt Bureau pour l’aide avec le blogue.

CBC commissioning editors disagree with perceptions

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Up The Yangtze, a film by Yung Chang

When I attended the Hot Docs Festival in Toronto a few weeks ago, a heard a lot of talk about the CBC, much of it disgruntled. Once back in Montreal, I summarized these concerns and sent them to Andrew Johnson, Commissioning editor and senior producer of ‘The Lense’ who was very generous with his time and also consulted his colleageues, Catherine Olsen and Michael Claydon. Here’s our exchange:

Dear Andrew, hope this finds you well. I publish a blog on doc matters. I noticed at Hot Docs that there’s a perception that the CBC no longer plays the role it used to in documentary, especially social-political, and that the private broadcasters are picking up the slack. Some com-eds from private networks told me they find themselves with a lot of projects which even they think would be – or used to be – a natural fit for the CBC. Who at CBC would be the right person to ask a few questions to about this ?
Do you yourself have a (quotable) opinion on the subject ?

The response:

Magnus:

Thanks for your note and the information about your blog. I’ve consulted with my colleagues Catherine Olsen and Michael Claydon and, with respect, we all disagree with the implication that CBC is somehow less interested in or less engaged in the creation of documentaries, “especially social-political” documentaries. Each of us has the following response…

Catherine Olsen:

“The CBC & CBC Newsworld continue to be a champion of documentaries dealing with political and social issues. Is it true that we’re focusing more on Canada and Canadian social political issues in our commissioning – possibly – just as many other Canadian and international broadcasters are championing stories on their home turf. This is a worldwide trend …. but we still have some extraordinary examples of international stories that we commission including the theatrical and television hit Up the Yangtze, Liberty USA, Anthrax War, Stolen Babies, The Last Planet (the latter 4 still in production). On the acquisition and pre-sale front, The Passionate Eye continues as it has for the past 15 years to show more docs dealing with international social political issues than any other channel in Canada. (2 nights a week, 52 weeks a year).”

Michael Claydon:

“Most of the documentaries shown on the DOC ZONE are social/political in nature – what has changed is that we are putting more of an emphasis on a more journalistic approach at the main net, and trying to develop a brand that CBC viewers will respond to. That may not fit with the approach of some documentary makers, but the fact remains that CBC TV, CBC Newsworld and Documentary commission more hours than any other broadcaster in Canada.”

Andrew Johnson:

Lens docs primarily deal with contemporary social and political issues – in fact we’re more committed than ever to these films, but they do need to connect with the national audience we serve at CBC Newsworld – a news and current affairs network. All of our docs are, of course, are made by independent Canadian film-makers, mainly through commissions.

This season and next we have aired or will air commissioned films dealing with everything from anti-Wal-Mart activists, same-sex couples trying to adopt children, and the collision of drug issues & US-Canada relations to an experimental diet that may lead to a breakthrough in the fight against the obesity and diabetes epidemics in First Nations communities, the human cost of Canada’s refugee backlog, and the enormous social cost of revenue-generating video lottery terminals. We also look forward to airing a film about the collision of conflicting interests (government, environmental, tourism & First Nation) as efforts to cope with a unique, people-friendly orca lead to a tragic ending. This documentary has already won a dozen international and Canadian awards.

All of these films deal with tough or difficult subjects through engaging and dramatic stories. They pursue social-political issues through a wide range of approaches and are of real interest to Canadians. At Newsworld, we’ve been very pleased with the huge audience response to our documentaries this season just we’re gratified by the numerous awards our films and our filmmakers have won in recent years.”

Of course, there are other outlets for documentaries (including social-political) on CBC – such as The Nature of Things and Documentary.

In conclusion, we simply can’t accept the assessment of CBC that you’ve mentioned -we believe we’re still a home for provocative, cinematic and entertaining social-political docs. Of course, we can’t participate in all of the worthwhile projects that come to us so we’re happy to hear that the private networks are now entertaining these kinds of stories too. Nevertheless, we remain open to receiving new proposals from Canadian documentary-makers at anytime – and we will continue to commission and broadcast powerful, independently-made documentaries.

with best wishes,
Andrew

Andrew Johnson
Commissioning Editor &
Senior Producer, “The Lens”

Pioneering coalition-building: L’Observatoire du documentaire.

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Jean-Pierre Gariépy and Manon Barbeau, respectively Executive Director and President of the Observatoire. My photo.

I’d like to tell you about a pioneering coalition-building experience based here in Montreal, one which could serve as an example for the rest of Canada and even internationally.

Since it was founded ten years ago, I have worked with Montreal’s documentary film festival, the Rencontres. Five years ago, the Rencontres took the initiative for the setting up of the Observatoire du documentaire, which was given the ambiguous english name The Documentary Network. It is actually a coalition, a pressure group which brings together all the main forces producing, broadcasting and distributing documentary film. It brings to the table – for monthly meetings – the professional organizations of producers, directors and technicians, the main television networks producing docs, the National Film Board, distributors, and of course the Rencontres. There is no parallel to this anywhere else in the country. Instead of treating each other as opponents, all these forces come together around common goals: favouring and strengthening documentary filmmaking and its role in society.

Having such disparate organizations working together creates a most interesting dynamic. Everyone has to put some water in their wine and make an effort to come to agreement with the others, but that is only half the story. The representatives of the organizations then have to go back to their respective organizations and fight for what has been agreed on, or what is being prepared for the next meeting. This means that the representatives of the producers or directors have to convince their own colleagues – many of whom produce fiction and television series – to defend the interests of documentary. It means that the broadcasters have to deal with the concerns of the documentary community not just as ‘demands’ from the outside, but as common concerns in which they also have a stake. The Observatoire acts to cement the alliance of all the partners and thereby gives them greater force as a lobby group. During this past year, the Observatoire intervened in numerous ways with the CRTC and other government agencies to favour the interests of documentary production.

Although it’s based in Quebec, the Observatoire has several pan-canadian members. It could serve as an inspiration for English Canada, or it could potentially become a truly representative, bilingual, coast-to-coast organization. It is definitely setting an example.

As a director working in both English and French, I am a member of two organizazations: the Associaction des Réalisateurs et Réalisatrices du Québec (ARRQ) and the Documentary Organization of Canada. Both of these are members of l’Observatoire. I used to be on the executive of DOC, when it was called the Canadian Independent Film Caucus, but these days I attend the meetings of the Observatoire as one of the representatives of the ARRQ.

Doc engagé: Numéro spécial de la revue Possibles.

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André Thibault, photo Simon Bujold

A l’invitation de André Thibault, j’ai collaboré au numéro spécial de la revue Possibles sur ‘le documentaire, art engagé’ qui vient de sortir. Au menu une table ronde avec des documentaristes ainsi que des articles sur notamment le collectif des Lucioles, Gilles Groulx, le documentaire et les femmes et bien d’autres sujets. En plus de participer à la table ronde, j’ai contribué un article intitulé ‘Le temps joue pour nous,’ et une entrevue avec le grand documentariste de L’Inde Anand Patwardhan. J’ai posé quelques questions à André Thibault, le principal responsable du numéro.

Explique-nous c’est quoi la revue Possibles.

Ce périodique, qui a 31 ans d’âge, s’est voulu dès le départ une revue d’idées progressiste et critique non alignée à une orthodoxie idéologique, combinant des essais sur des sujets sociaux, politiques, économiques et culturels regroupés chaque fois autour d’un thème – et des textes de poésie et de fiction. Les fondateurs incluaient des sociologues engagés (ex. Marcel Rioux, Gabriel Gagnon) et des poètes (ex. Gaston Miron, Roland Giguère). Les valeurs d’autonomie et d’émancipation constituent le fil conducteur de la diversité des sujets traités. Distribuée par Dimédia, la revue est présente dans les principales librairies a vocation culturelle. Autrement, on peut s’y abonner ou commander un exemplaire en appelant 514-529-1316. La page WEB Possibles donne l’éditorial et la table des matières des derniers numéros, mais n’est pas interactive.

Pourquoi vous avez choisi de faire un no spécial sur le doc engagé ?

Il nous est apparu que dans l’actuelle relance des mouvements et de la critique sociale, le documentaire, de plus en plus mûr comme forme d’art, s’inscrivait comme partenaire important à côté des formes plus classiques d’activités de sensibilisation et de mobilisation : revues, livres, conférences, colloques, manifs. Nous avions besoin de mieux comprendre (et de le faire partager à notre public lecteur) la spécificité de son apport et le pourquoi de l’engouement qu’il connaît présentement. Face à la fébrilité éclatée des diverses formes d’intervention en rupture avec la pensée unique, c’était aussi l’occasion de bâtir des ponts entre partenaires poursuivant les mêmes buts mais ayant peu d’occasions de se rencontrer et encore moins de travailler ensemble.

Qu’est-ce que tu as appris en faisant ce numéro ?

D’abord la ferveur de la communauté virtuelle que constituent les documentaristes, ferveur tant sociale que créatrice. Comme je l’ai fait ressortir dans mon édito, l’alliage d’engagement et d’empathie m’est apparu un trait dominant : plus d’émotion humaine dans l’engagement, et plus de vision sociale dans l’exploration de l’émotion humaine. Les documentaristes représentatifs des tendances présentes n’ont pas de solution magique à proposer et encore moins à imposer, ils ne divisent pas le monde en une colonne des absolument bons et une des absolument méchants. Ils viennent chercher l’être sensible et le citoyen dans chacun et l’amèment à se questionner et à ajouter ses propositions dans un débat citoyen permanent revigoré. Et cela en utilisant toutes les ressources de l’art de raconter, mais appliquées au réel.

Socially commited docs: special issue of the Quebec magazine ‘Possibles’

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André Thibault, photo by Simon Bujold

Invited by André Thibault, I recently had the opportunity to collaborate on the latest issue of the magazine ‘Possibles’ on the subject of ‘Documentary: socially committed art’. ( my translation). In this issue you will find – in french -a round table with documentary filmmakers, articles on the collective Lucioles, on Gilles Groulx, on documentary film and women, and many other subjects. In addition to participating in the round table, I contributed an interview with India’s great documentarian Anand Patwardhan and an article entitled ‘Time is on Our Side.’ I asked André Thibeault, editor in chief, a few questions about the magazine and the special issue.

Could you tell us a little bit about the magazine ‘Possibles’?

This 31 year old journal was from the very beginning a review of progressive ideas and non-conformist criticism of an ideological orthodoxy, combining essays on political, social, economical and cultural subjects summed around a specific theme each time, and fictional and poetic writings. The founders were socially committted sociologists (ex. Marcel Rioux, Gabriel Gagnon) and poets (ex. Gaston Miron, Roland Giguere). The central theme, present in all different subjects examined over the years, is that of values found in emancipation and autonomy. The magazine is distributed by Dimédia and is present in all major culturally oriented bookstores. You can also subscribe or order a copy by calling this number 514 529 1316. The web site Possibles offers the editorial and table of contents of previous issues, but isn’t interactive.

Why did you decide to publish a special issue on socially committed documentaries?

We thought that in the light of the recent revival of social movements and criticism, the documentary has emerged as a more mature art form and is now an equal and important partner to other more classical forms of mobilization and awareness rising, such as books, conferences, demonstrations. We needed to understand (and share it with our public) the specific contribution of documentary films and examine why are the creating such a craze. It was also an occasion to create bonds with different partners pursuing the same goals, but not having many opportunities to meet and even less to work together.

What did you learn while researching this issue?

First of all I became aware of the enthusiasm present in the virtual community of documentary filmmakers, this enthusiasm is as much social as it is creative. As I pointed out in my editorial, what really struck me is the strong bond between social involvement and empathy: more human emotion in the engagement and more social awareness in the exploration of the human emotion. The documentary filmmakers who stand for these tendencies don’t have a magical solution to propose and let-alone one to impose. They don’t divide the world in two categories, the all bad and the all good. Instead they reach out for the sensitive human being and the citizen present in all of us and they make us question ourselves and incorporate these ideas in a permanent and invigorated civic debate. And this by using all the artistic means to tell a story but a real one.