Jocelyne Clarke qui contribue régulièrement à ce blogue nous parle d’une cinéaste très engagée, aussi basée à Montréal.
À Vues d’Afrique cette année, j’ai vu un film important réalisé par Erica Pomerance, « Opération survie », sur un sujet pas très « sexy » mais o combien pertinent pour les femmes africaines, la fistule obstétrique.
Selon les statistiques, environ 2 million de femmes dans le monde sont affligées par cette condition, généralement associée à des accouchements difficiles, sans aide médicale, et en Afrique, à l’excision qui continue à être pratiquée de manière courante dans certaines régions. C’est un problème à la fois physique et social – les femmes sont exclues de leurs communautés parce qu’elles sentent mauvais, perdant constamment leur urine.
Le film a été réalisé avec la collaboration du Dr. Danielle Perreault, médecin généraliste et urgentologue québécoise avec un intérêt spécial pour la santé des femmes, chroniqueuse à RDI et photographe. Elle voyage tant au Grand Nord que dans les pays du Sud, toujours dans le but de sensibiliser et d’instruire.
La Dr. Danielle Perreault et Erica Pomerance au lancement du film.
Erica Pomerance s’intéresse depuis longtemps à l’Afrique. En 1997 elle a réalisé le très beau « Tabala – rythmes dans le vent » sur la musique et la danse africaines à Montréal. En même temps, elle s’intéressait à la réalité des femmes africaines et avait amorcé une recherche sur l’excision, et surtout sur les gestes posés par les mouvements de femmes africaines qui s’y opposaient. Suite à presque dix ans de recherche et de travail acharné sur terrain, elle a sorti « Dabla ! Excision » avec la maison de production Virage et Monique Simard.
Depuis, elle a réalisé 4 autres films en l’Afrique : Miroir en Face (2006 Via Le Monde); Caravane (2008), auto-production avec l’intiative qu’elle a fondée, Taling Dialo, vouée à la formation vidéo en Afrique ; « Ndomo , Les Cinq Doigts de la Main » (2009), sur l’initiation des filles au Mali, co-réalisé avec Isabelle Garceau, et « Opération survie ».
Dans un contexte de production documentaire de plus en plus ardu, d’autant plus qu’elle parle de réalités lointaines, Erica possède une passion évidente et une détermination sans égal. Je la croise souvent alors qu’elle s’apprête à quitter le froid Canadien, caméra à la main, armée de la seule confiance qu’éventuellement elle trouvera le financement pour son nouveau projet.
À travers ses oeuvres et les réalités « autres » qu’elle nous fait connaître, Erica se mérite vraiment le titre de cinéaste engagée.