Carlos Ferrand’s coup de coeur: ‘Description of a memory’

(This is a translation of a post from last week, thanks to Jeannette Pope.)

The RIDM was at its peak yesterday.

I saw ‘The War on Democracy’ by John Pilger who was here for the occasion. Not my type of cinema – the moments of spontaneity are rare – but it has a very good analysis of the American intervention and progressive forces in Latin America. The passionate crowd at Concordia University received Pilger like a hero. (A screening jointly organized along with Cinema Politica.)

Pilger
John Pilger, Photo: Simon Bujold

CARLOS FERRAND’S COUP DE COEUR: ‘DESCRIPTION OF A MEMORY’

Last week I asked the programmers of RIDM to give us their ‘coup de Coeur.’ This week it is the turn of my filmmaker friends.

The RIDM dedicated a page to Carlos Ferrand. The festival has presented three of his shorts as well as his new feature-length film – Americano – produced by Les films du tricycle.
Carlos is a visionary filmmaker full of contradiction and ambiguity and with one hell of a writing style!
Here is his ‘coup de Coeur’, a film that will be screened later this week in which an Israeli filmmaker reappropriates the material in a film by Chris Marker to construct his own vision of things.
Carlos
Carlos Ferrand below, the Papa.

‘Description of a Memory’ the film by Dan Geva stays in the head and spirit like the good proverbial wine in the mouth. In contrast to the current fashion which puts simplicity and other synonyms of easiness into form the core; here is an ambitiously, complex, difficultly rich and over demanding piece of work.
Like the memory that Dan Geva tries to catch, the film has numerous facets. The surprising element is that the form and content are in harmony. What is absent in the work is that tyranny of content – which is so often present in documentaries – where the form lies flat in front of ‘Master Reality!’
No, not here – the viewer has to work almost harder than the filmmaker. Dan Geva nags into our brains, obliging us to constantly reconstruct his meanings and marry them with the images and decipher the signs in Chris Marker’s film and his own.
It is like a hunt of meaning with the film, filmed with a terrifying angular objective which seems to swallow the world.
Enough is not enough and the aggressivity of the images makes one think of the battle between the Mongoose and the snake. A fight till the death against all stupidity and age-old ideas!

Dan Geva has balls. Dan and his wide-angle lens stands up against Chris Marker, the sacred monster of independent cinema in a sort of game, but also with generosity which proves that he himself is worthy of being a monster and that we should bless him.
Dan the mongoose crunches his head – a sort of bitter taste – like most of the best tonics – to to be savored raw!”

Serge Giguère’s ‘best of’ the Rencontres (Montreal)

commeacuba

From the film ‘Comme à Cuba.’

(This is a translation of the post from last week. Thanks Jeannette Pope)

Some weeks ago I attended a master workshop by Serge Giguère, one of our celebrated documentary filmmakers. His most recent film, the extraordinary – À Force des RévesProductions du Rapide blanc – won the Jutra for the best documentary of 2006.
My friend Simon Bujold and I filmed the event and we’ll have the opportunity to discuss this at a later date.
Meanwhile I asked Serge to speak to us about a film which he liked at the Rencontres du documantaire de Montreal.
Here’s his choice:
Serge Giguère

“ I saw a film yesterday evening which touched me a lot – ‘Comme a Cuba’ – A film which the filmmaker Fernand Bélanger left unfinished before his death. His friends, Louise Dugal and Yves Angrignon luckily for all of us completed this work.

During more than an hour we are transported by images of workers doing simple trades and living their everyday life while the days tick by, driven along by a sound track of Cuban popular songs.
It’s incredible how the editing twines in perfect synchronicity between what we hear in the songs and what we see in the picture. It makes us feel so close to all the small daily gestures as it captures the Cuban soul. This is homage to ‘the people of people’ who, in spite of the pressure in their everyday life, the very precariousness of it, still manage to find moments of happiness.
As the theme song says which comes in like a lament, pulsing and pushing the film as it builds around the days: “When will I arrive home? ”. This is a nice metaphor for a film which steps towards freedom. I really suggest that you see it for it’s spellbinding images which cut into the heart of Cuban daily life.
I hope that it will be broadcast, for this is a film made with such a big personal investment by the filmmaker.”

Le coup de coeur de Serge Giguère: Comme à Cuba.

commeacuba

Photo du film Comme à Cuba.

Il y a quelques semaines j’ai assisté à un ‘atelier de maître’ de Serge Giguère, un de nos grands cinéastes documentaires. Son film le plus récent, l’extraordinaire À Force de Réves, (Productions du rapide blanc) a gagné le Jutras du meilleur documentaire 2006. Avec l’aide de mon ami Simon Bujold je l’ai filmé, et nous aurons l’occasion d’en reparler. Entretemps, j’ai demandé à Serge de nous parler d’un film qu’il a aimé aux Rencontres du documentaire de Montréal.

Serge Giguère

Voici son choix:

“J’ai vu un film hier soir aux Rencontres qui m’a beaucoup touché, son titre: Comme à Cuba. Un film que le cinéaste Fernand Bélanger a laissé non terminé avant son décès. Ses amis, Louise Dugal et Yves Angrignon ont terminé cette oeuvre pour notre bonheur.

Pendant plus d’ une heure on se laisse entraîner par des chansons populaires cubaines sur des images de travailleurs qui font de petits métiers et de la vie quotidienne des gens ordinaires. Pas d’entrevues, juste des journées qui passent.

C’est étonnant de voir le montage de ce film où il y a une parfaite synchronicité entre ce qu’on entend dans les chansons et ce qu’on voit à l’image. Cela fait qu’on se sent proches de tous ces petits gestes quotidiens. C’est très réussi comme approche de l’âme cubaine. Il y a donc dans ce film un bel hommage aux gens d’un peuple qui malgré des contraintes de la précarité, réussit à trouver des instants de bonheur. Comme dit la chanson-thème qui revient comme une complainte et rythme le film bâti sur des journées: “quand arriverais-je à la maison?”. C’est une belle métaphore. Donc, un film sur la marche vers la liberté. Je vous souhaite de voir ce film et de vous laisser imprégner par ses images envoûtantes au coeur du quotidien cubain par des observateurs respectueux et amoureux. J’espère une belle diffusion pour ce film fait à bout de bras.”

Vu aux Rencontres: Le déshonneur des casques bleus

This post will be available in English in the coming days.
3 filles.Congo

Rape victims in the Democratic Republic of Congo.

J’ai vu encore plusieurs films aux Rencontres Internationales du documentaire de Montréal. Notamment le film danois The Monastery qui raconte une histoire tellement extraordinaire qu’on oublie que le tournage manque de professionalisme. Au Danemark, un vieil homme excentrique décide de léguer son château – il en a un, mais très délabré – à l’église orthoxe Russe, pour en faire un monastère. Lorsqu’arrive une délégation de soeurs pour en prendre possession, les tensions sont vives et parfois drôles. Et la cinéaste, Pernille Rose Gronkjaer, arrive a se rapprocher beaucoup du vieillard, M. Vig auquel on finit par s’attacher. Prix Joris Ivens à IDFA 2006.

J’ai vu aussi Ghosts of Abu Ghraib, une enquête très poussé sur le scandale de la torture dans cette prison infâme en Iraq. Une production pour HBO, style télévisuel léché et efficace, le film ne laisse aucun doute que les responsables ultimes de la torture sont les dirigeants politiques et militaires américains.

Mais je voulais vous parler en particulier du nouveau film de Raymonde Provencher, Le déshonneur des casques bleus, sur l’épidémie de viols et autres crimes sexuels commis par les soldats des Nations Unies dans plusieurs pays, en particulier en République démocratique du Congo ou l’essentiel du film a été tourné. C’est une enquête sans complaisance, très solide et très bien tourné qui se situe tout à fait dans la lignée d’un film précédent de Raymonde, War Babies, sur le viol comme arme de guerre. Les deux sont des productions de Macumba International, une petite compagnie de production avec une feuille de route impressionante, basée à Montréal.
Photo Raymonde

Il faut dénoncer les agissements des casques bleus, c’est clair, mais ça prend du courage pour le faire. J’ai demandé à Raymonde si elle a hésité, si elle a eu peur de donner des ammunitions aux ennemis des Nations Unies et du principe de l’intervention multilatérale pour assurer la paix. Voici sa réponse:
“N’a-t-on pas toujours un débat avec nous-mêmes lorsque nous sommes confrontés à de telles situations? Dire ou ne pas dire, n’est-ce-pas… Dans cette histoire, je suis carrément du côté des victimes. J’ai été tout-à-fait choquée par le comportement irresponsable de certaines personnes travaillant pour les Nations-Unies. Des personnes qui ont une autorité morale, quand ce n’est pas une autorité tout court, sur des populations civiles totalement vulnérables. Dès le début, j’ai spécifié dans mon scénario que je ne remettais pas en cause l’existence des Casques bleus. Faute de mieux, cet outil d’intervention de la communauté internationale doit être maintenu, mais on ne saurait tolérer qu’il soit à ce point perverti. On ne parle plus de cas isolés, mais de sérieux dérapages, de crimes, de pédophilie qui restent la plupart de temps impunis. Et les victimes? Déjà victimes de la guerre, de règlements de comptes, ayant tout perdu, déplacées dans des camps. elles ont vu arriver les Casques bleus avec l’espoir qu’enfin, leur cauchemar prendrait fin. Cela me fait penser à ces Rwandais qui ont cherché refuge dans les églises pendant le génocide, pour découvrir que le curé, ou la religieuse, était de mèche avec les tueurs… Alors non, je ne crois pas que je vais donner des munitions aux ennemis de l’ONU – ont-ils autre chose à proposer? – mais je ne crois pas que sous ce prétexte, on doit taire la vérité. Il faut corriger le tir, et c’est urgent, sinon, les Nations-Unies n’auront plus aucune crédibilité. Et c’est le travail de tout le monde, y compris les documentaristes, d’attirer l’attention sur les problèmes à régler..”

A voir, définitivement ! Il y aura une deuxième projection du film mardi le 13 à 20 hres, suivi d’un débat.

Vu aux Rencontres: De l’autre côté du pays

This post will be available in English during the coming week.
Angelina dortoir
Angelina, un des personnages du film De l’autre côté du pays, dans le dortoir ou sa fille Charlotte a été enlevée par les rebelles et gardée captive pendant huit ans.

Les Rencontres du documentaire de Montréal ont commencé en force. J’ai trouvé le choix du film d’ouverture, Junior, un film de Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, vraiment excellent. Les cinéastes ont passé un an à Baie-Comeau sur la côte nord du St.Laurent, immiscés dans une équipe de hockey junior, vivant coup par coup les décisions difficiles que doivent prendre – et surtout subir – des jeunes joueurs qui ont l’ambition de devenir des professionels. Un sujet original, un accès exemplaire, des choix ésthétiques très clairs ( on ne voit jamais le jeu, ce n’était pas le sujet; pas d’entrevues, le vécu est tellement riche on n’en a pas besoin…) Je salue la perséverence des cinéastes mais aussi l’excellent montage de René Roberge et la volonté de l’ONF ( les producteurs Yves Bisaillon et Johanne Bergeron) d’amener le film le plus loin possible.

Parmi les autres films que j’ai vu: De l’autre côté du pays, de Catherine Hébert, produit avec Brigitte Dion dans le cadre de Mango films. Un très beau film sur les victimes de la guerre civile en Ouganda, tourné dans la partie nord du pays. On s’approche des gens d’une façon très touchante, et on prend le temps de les écouter et les connaître. C’est un film dans lequel règne une certaine tension très fructueuse entre l’approche poétique de la cinéaste et les réalités très dures de la guerre. J’en ai parlé avec Catherine qui me dit ce qui suit:

Le film a été tourné dans la clandestinité. Le gouvernement ougandais ne permet à aucun journaliste ou cinéaste de s’éloigner à plus de 40 km de la capitale. Or, il faut franchir au moins 350 km pour se rendre au nord. Il fallait donc que l’équipement soit léger, discret, mais que la qualité du film ne s’en ressente pas. Aussi, comme les pannes d’électricité sont fréquentes, il ne fallait pas se fier sur le réseau électrique. Nous devions fréquemment recharger nos batteries de caméra à même une batterie de voiture. Le défi technique était de taille. Finalement, vu l’état des routes et l’impossibilité de se retrouver sur les routes la nuit (à cause des attaques des rebelles), se déplacer dans le nord a été particulièrement difficile.”
Catherine Hébert août07
Cathérine Hébert.

Le choix de faire un film si poétique sur un sujet aussi dur n’était pas évident. Tu peux m’en parler ?

“La première chose que j’ai dite à Annie Jean, le tout premier jour du montage, était que je voulais faire un film qui soit à la fois politique et poétique. Ça a été notre leitmotiv tout au long du montage. Comme j’avais déjà passé beaucoup de temps en Ouganda avant de commencer le tournage, j’avais une idée claire de la façon dont je voulais filmer ce pays et ses gens.

La guerre dans le nord de l’Ouganda est insidieuse, pérenne, sans grands éclats, dépourvue de tout arsenal technologique, mais pourtant omniprésente. Autrement dit, c’est une guerre qui se dévoile plutôt qu’une guerre qui se voit. La beauté des paysages luxuriants et la lenteur nonchalante des gens ne laissent pas deviner, à première vue, la présence d’une guerre continue. On est loin de l’imagerie occidentale de la guerre telle que nourrie par CNN. Il faut rester quelque temps sur place pour sentir un malaise et comprendre la violence étouffée qui enveloppe tout le nord du pays. J’ai dû en tenir compte tout au long du tournage et j’ai voulu me servir de ce contraste entre la beauté du pays et la violence du conflit.

C’est pourquoi j’ai choisi que la guerre soit révélée par des personnages dont le quotidien est façonné par la violence du conflit qui a cours, et par la peur. Le film expose la guerre telle que les gens la vivent maintenant, au quotidien, et qui les oblige à se cacher, à se déplacer, à se battre, à enfanter, à tuer. Tous les personnages révèlent comment la guerre ravage leur vie et quelles formes elle prend : tantôt celle de cohortes d’enfants qui se cachent pour la nuit, tantôt celle de camps de déplacés affreusement bondés.

Je voulais qu’à travers les images, on sente une compassion mais pas de commisération. Trop souvent, les films tournés à l’étranger s’affranchissent mal de l’effet de distanciation. Le documentaire « politique » sacrifie parfois la forme – et c’est inévitable dans certains cas. Je suis toutefois convaincue que lorsque c’est possible, il faut mettre la forme au service du fond et de la dénonciation. Un documentaire peut être à la fois politique et esthétiquement achevé; il peut être une enquête cinématographique corsée, mais délicieusement imagée. Je ne souhaitais pas simplement poser ma caméra sur les personnages : je voulais les accompagner plus que les observer. La caméra est avec eux plutôt que sur eux.

Dans le film, je souhaitais retransmettre cette atmosphère où tout semble paisible. Par le rythme des images et du montage, par la construction sonore aussi, je voulais créer un contrepoint entre, d’une part, le drame évoqué et, d’autre part, la trompeuse sérénité des gens et des lieux. La menace n’est pas ponctuelle, mais continuellement présente malgré l’absence de signes ostentatoires. Cette tension fait partie des nombreuses contradictions propres à l’Afrique et à ce conflit.

Et finalement, il ne faut pas oublier que ces images sont aussi nées de la très grande sensibilité et du formidable travail du directeur photo Sébastien Gros. Elles ont aussi été grandement influencées par les nombreuses discussions d’équipe que nous avons eues, le soir après le visionnement des rushes, avec le directeur photo et Mélanie Gauthier, la preneuse de son, conceptrice sonore du film et fidèle complice.”

Il y aura une autre projection du film samedi le 17 Nov. à 20.15 à la cinémathèque. Catherine Hébert et Raymonde Provencher participeront à un débat sur Femmes cinéastes en pays en guerre mardi le 13 à 20.00. Je vous reparlerai du film de Raymonde, Le déshonneur des casques bleus.

Ondes de Choc / Shock Waves

This is a partly bilingual post. Texte français en italiques.

Recently I had the opportunity to see, Shock Waves, an excellent doc on the struggle for democracy and accountability in Congo. This film was made by my former colleague at Radio-Canada television Hélène Magny and her husband Pierre Mignault, and produced by Nathalie Barton of InformAction in Montreal. It just won the Detroit Doc’s Festival award for “the documentary the most likely to change the world. ” At the heart of the film: Congo’s first truly national radio network, Radio Okapi. By covering the courageous forays of its journalists into different regions, the filmmakers explore country’s problems and attempts to address them.

Hélène Magny et Pierre Mignault

Hélène Magny and Pierre Mignault.

You can find all the information about the film in english on the producer’s web site.

J’ai récemment eu l’occasion de voir l’excellent documentaire Ondes de Choc sur la lutte pour la démocratie au Congo. Réalisé par mon ancienne collègue Hèlène Magny et son mari Pierre Mignault, le film est produit par Nathalie Barton à Informaction à Montréal. Au coeur du film, la première chaîne de radio nationale du Congo. Les déplacements et reportages de ses courageux journalistes permettent aux cinéastes de faire le tour des problèmes du pays et des efforts de démocratisation. Le film vient de gagner un prix à Détroit.

Why is it important to understand the present situation in the Congo ? You might want to read Jooneed Khan’s article in La Presse Nov 1st, where he argues that that country is the locus of the world’s worst humanitarian crisis. Also, describing a trip up the Congo river to Kisangani (remember Heart of Darkness ?) there’s an excellent article in the latest issue of Harper’s by Bryan Mealer. He is about to publish a book on the Congo, and claims 4 million people were killed there from 1996 to 2003.

This coming saturday night at 22.30 this film will be broadcast in Radio-Canada’s new documentary time slot, Zone Doc. This slot will on occasion make room for films longer than the usual 52 minutes, and will sometimes feature an interview with the filmmakers, as will be the case this saturday. All this is good news.

J’ai demandé à Hélène comment elle et Pierre ont eu l’idée pour le film. Sa réponse:

“En 2003 et 2004, j’ai été appelée à travailler sept mois comme rédactrice en chef régionale de radio Okapi à Kisangani et à Goma. Pierre a aussi travaillé deux mois et demi en 2005 à Goma. Après avoir constaté sur le terrain l’impact phénoménal de cette radio sur la démocratisation du Congo et sur la liberté d’expression, nous avons décidé d’en faire un film en 2006 en mettant en lumière le courage héroïque de ses journalistes. “

Quelle est la plus grande difficulté que vous avez rencontre ?

“Nous voulions faire un film sur le Congo à travers le travail de radio Okapi en suivant sur le terrain des journalistes en reportage dans trois régions du pays. Il nous est apparu fondamental de révéler le principal problème vécu quotidiennement par la population congolaise: le banditisme érigé en système au sein des forces armées qui pillent et violent en toute impunité et qu’on surnomme “tracasseries”. Tout au long du fleuve Congo, les militaires érigent des barrières, taxent ceux qui passent, les torturent s’ils n’ont pas de quoi payer, assujettissent les femmes à des abus sexuels. Au cours d’un reportage avec le journaliste André Kitenge sur le fleuve, nous avons été confrontés à ce phénomène. Nous avons donc décidé de filmer la situation clandestinement. Mais l’utilisation d’une caméra cachée au Congo, si elle est découverte, peut entraîner de graves conséquences. Complètement isolés en pleine brousse, nous avons eu de la chance.”

I asked Hélène how she and Pierre had the idea for the film. She says:

“In 2003 and 2004 I was asked to work for seven months as regional chef editor for Okapi radio in Kisangani and at Goma. Pierre also worked in 2005 for two and half months in Goma.

While working we witnessed the phenomenal impact that this radio station had on the democratization of the Congo and also on freedom of speech – so we decided in 2006 to throw the light on the heroic bravery of these radio journalists.”

What was the biggest difficulty that you encountered?

“We wanted to make a film on the Congo through the work of Radio Okapi by following the journalists on the job in three regions of the country as it seemed fundamentally important to reveal the main daily problem experienced by the Congolese people which is: banditry –a central system – set up by the armed forces who pillage and rape with impunity and nicknamed the Harassers.

All along the banks of the Congo the Harassers build blockades to tax people who want to pass, and torture those who refuse to pay, and subject the women to sexual abuse.

While covering a story with the journalist, Andre Kitenge, we were confronted by this phenomena and therefore decided to film the situation clandestinely – yet the use of a hidden camera, if discovered, can bring about some serious consequences. As we were completely isolated in the middle of nowhere, in the bush, we had the chance to film.”

( Merci à Jeannette Pope pour la traduction.)