La crise économique ad marem usque ad marem: PIB

PIB/GDP: 'Famille à la casse'
Copyright: ONF/NFB

Cette semaine à Sunny Side of the Doc à La Rochelle, l’ONF et ARTE France ont annoncé une collaboration pour la production de documentaires pour le web. Ils produiront un documentaire par année, avec un budget de 100.000 $ Can. Les deux ont déjà une expérience considérable avec les webdocs.

Depuis presque un an déjà, l’ONF a mis en ligne un projet majeur, PIB – L’indice humain de la crise économique Canadienne. La Directrice du programme français, Monique Simard, une ancienne dirigeante syndicale et politicienne dont les préoccupations sociales sont bien connues, a pris l’initiative de cette expérience.

Son intuition de départ: la crise économique ne serait pas passagère, et elle serait assez profonde pour changer le cours de la vie de beaucoup de gens. Le projet PIB a permis à beaucoup de cinéastes et photographes à travers le pays de suivre des personnes affectées par la crise. Je n’ai pas regardé tout, évidemment, mais voici quelques impressions.

D’abord, l’architecture du site est impressionnante, le design aussi. On a accès aux histoires racontées dans les deux langues officielles, avec sous-titres au besoin. On peut voir des épisodes multiples dans l’ordre qu’on choisit. On peut commenter, partager, utiliser les médias sociaux pour en parler.

Pour le contenu, je l’ai trouvé très inégal. Il y a d’excellentes histoires, comme ‘Famille à la Casse’, l’histoire d’un couple formé d’un travailleur et une travailleuse de l’automobile, Brian et Cassandra, qui perdent leurs emplois et doivent se battre pour survivre. C’est très dans la tradition du documentaire, sans la structure dramatique mais en échange l’avantage du suivi de l’histoire à travers les épisodes.

La même chose vaut pour un reportage sur une famille immigrée qui tient un motel en Colombie Britannique – on rentre dans leur univers, on comprend les défis qu’il doivent relever et leurs émotions. Parfois une série commence bien, comme cette histoire d’un groupe de jeunes femmes dans l’Ouest qui tentent de sortir de leur endettement – mais à un moment donné il ne se passe plus grand chose, on tourne en rond et on fait du remplissage. Et puis, il y a malheureusement des histoires qui ne donnent pas grande chose, ni côté humain ni côté production.

Daniel Poulin / St-George de Beauce
Copyright: ONF / Photo : Renaud Philippe

Une des plus belles surprises de ce projet est la qualité des reportages photo, réalisés notamment par Renaud Philippe à Québec, Brian Howell à Vancouver, Goh Irotomo et Craig Chivers à Toronto. La photo ci-haut est tirée justemment d’un reportage de Renaud Philippe intitulé ‘Le vouloir c’est le pouvoir’.

La semaine prochaine: une conversation avec Hélène Choquette, la réalisatrice qui coordonne PIB/GDP.

Merci à Tobi Elliott pour son aide avec ce blog.

Marcel Simard’s last film

MARCEL SIMARD, filmmaker
Director Marcel Simard

There is a reason why I write this in English. Most francophones in Quebec who take an interest in cinema will already be aware of what I’m about to tell you.

“There are adults who have antennas for the secret pain of our little ones – forms of suffering that are often taken to be unimportant.” Those are the opening words of Marcel Simard’s last film, spoken by himself. ‘Last film’, because Marcel is no longer with us.

Like the people he portrayed in his films, Marcel was incredibly sensitive. The sometimes overwhelming challenges of being alive and people who were close to the edge were not only his subjects, they were also an inescapable part of his own life. As he said in a statement read at his funeral, this suffering had become unbearable, and he wasn’t able to face it one more day. He isn’t here to enjoy the success of his film.

Le petit monde d’Elourdes, the title of Marcel’s beautiful film, is a play on words. It means Elourdes’ children, or Elourde’s little world. It follows the first- to third-grade students of a special Montreal school, and their incredible teacher Elourdes Pierre over a period of a year.

Elourdes Pierre, Montreal teacher
Montreal teacher Elourdes Pierre

A woman of colour, Elourdes is beautiful, sensitive, intelligent and caring. With infinite patience she attends to all the seemingly small dramas that play themselves out among the children. Many of them revolve around the conflicts between the girls who often seek exclusive friendship (a father of two daughters, I am very familiar with this. Margaret Atwood has written about it…), but others have to do with the aggressiveness of some of the boys.

For the children these are deadly serious issues, and Elourdes – just like Marcel – understands this. Her interaction with the children is beautifully filmed by Arnaud Bouquet – and kudos to sound man Pierre Duplessis who doesn’t miss one word of what the children say, or sometimes whisper.

In a very moving scene Elourdes explains her agenda: if she can teach these children to resolve their conflicts here, at this age, without violence or residual resentment, they will have learned a skill for life, and our world will be better for it.

In following the class for a year, this film resonates with other French-language films like Être et Avoir and La classe de Mme Lise. In its study of human motions as expressed at an early age, it is reminiscent of Claire Simon’s La récréation.

I made three films with Marcel Simard and his wife Monique Simard, at Les Productions Virage. (For titles see my web site.) Virage produced many of the best social-issue documentaries in Quebec. I loved Marcel’s understanding of people (he seemed to see right through any kind of façade or disguise, seeing people’s soul…) and of cinema.

Like a lot of Quebec filmmakers, social workers and people involved in fights for social justice, I will miss him enormously.