GDP/PIB: A conversation with Hélène Choquette

PIB/GDP: 'Une chance qu'il y a des mots'
Photo credit: Hélène Choquette

This week: following my previous post on the NFB‘s multi-platform project GDP: Measuring the Human Side of the Canadian Economic Crisis, here is an interview with Hélène Choquette, the project’s director and coordinator.

The above image is pulled from the excellent photo essay, Poetic Justice one of Hélène’s own compositions – featuring the young slam poet Marjolaine Beauchamp.

1. What was the most difficult part or challenge of making this project? The bilingual nature, traversing the “solitudes”, working from coast to coast, or something else?

Bringing together a group of documentarians and photographers from one end of the country to the other for a common year-long project was a challenge in itself. We spent a week together in June 2009: I presented the goals of the project and each and every one could share their own creative point of view.

Over and above bilingualism, GDP puts forth universal stories of humanity. When we look at the origin of the movies Quebecquers are viewing, we can see they are not only viewing movies from here, and it is the same thing is all the provinces. The resilience and demands that a human being must confront when faced with crisis situations are surely universal.

We also discovered that web users recognize themselves in the stories of those people who work in sectors or industries similar to theirs, without regard for geographic location. As a result, the fact that the site is bilingual permits us to counter this linguistic divide.

I also want to share with you the qualities of the Web that we’ve since discovered. We have no restrictions of length, or number of episodes, or the pacing of putting them on line. We are simply following the natural rhythm of our stories, which is frankly marvellous.

Hélène Choquette - PIB/GDP
Photo Crédit : Marc-André Grenier

2. I find the quality of the small films or reports very uneven. What do you think? Reasons?

GDP is a pilot project where trial and error have their place. When it’s a question of the creative process, this notion of trial and error is precious. It’s what challenged Fernand Dansereau when he discovered GDP last December. This possibility of playing outside a safe and secure box.

We are asking our directors to be one-man-orchestras. They accomplish all at the same time camerawork, sound recording and obviously, the directing. It’s extremely demanding. They are not all on the same level technically but despite some limitations, all end up delving into the universe of their protagonist.

Of course, some stories are stronger, but all have their relevance. Unequal quality is unfortunately often the lot of these group productions. However, because we’re on the Web, the user has the choice to watch only what interests them.

It’s astonishing to see that the most viewed films and essays are not always the best from a technical point or view, and even in terms of narration. That’s where we have a new gift from the Web. The user chooses what he or she pleases. As a documentarian, I would like to cause them to be interested in one story more than another, but I no longer have that privilege with this virtual audience.

3. There are some photographic essays that are particularly well done, do you agree? Reasons?

The photographic essays had as their first goal to document the impacts of the crisis in the far-flung regions. They are small, unique works, and so are a lot easier to watch as one-offs, while the narrative arc of the films evolved over one year, and take their meaning in time. They are a powerful artistic force.

The web effectively gives a new breath to certain mediums that have preceded it. Photography thus finds a new momentum, and the photographers have a chance to push their creativity more to the fore, and that is wonderful to me.

Thanks to Tobi Elliott for her help with this post.

PIB/GDP: Une conversation avec Hélène Choquette

PIB/GDP: 'Une chance qu'il y a des mots'

An English version of this blog post will follow shortly, with thanks to Tobi Elliott.

Cette semaine: suite à mon petit texte sur le projet multi-plateforme PIB: L’indice humain de la crise économique canadienne de l’ONF, voici une entrevue avec Hélène Choquette, la réalisatrice-coordinatrice du projet.

L’image ci-dessus est tiré de l’excellent photo-essai “Une chance qu’il y a les mots,” qui a comme sujet la jeune slammeuse Marjolaine Beauchamp. C’est une des composantes du projet PIB que Hélène a réalise elle-même.

1. Quelle a été la plus grande difficulté, le plus grand défi du projet PIB? Faire ça bilingue, à travers les solitudes, “coast to coast”? Ou d’autres choses?

Constituer une équipe de documentaristes et de photographes d’un bout à l’autre du pays autour d’un projet commun pendant un an était un défis en soi. Nous avons passé une semaine ensemble en juin 2009 où je leur ai présenté les bases du projet et où tous et chacun a pu partager son point de vu créatif.

Au-delà du bilinguisme, PIB propose des histoires humaines universelles. Quand on regarde la provenance des visionnages, les Québécois ne regardent pas que les films québécois et ainsi en est-il dans toutes les provinces. La résilience et les autres forces dont un humain doit faire preuve lorsque confronté à des situations de crise sont assurément universelles.

Nous avons également constaté que les internautes se reconnaissent dans les récits de gens qui travaillent dans des secteurs d’activité similaires au leur sans égard à la location géographique. En fait, le fait que le site soit bilingue, nous a permis de contrer cet écart linguistique.

J’ai aussi envie de te faire part des qualités du Web que nous avons découvert. Nous n’avons aucune restriction de durée, de nombre d’épisodes ou de cadence de mise en ligne. Nous suivons simplement le rythme naturel de nos histoires et ça c’est franchement merveilleux.

Hélène Choquette - PIB/GDP
Photo Crédit : Marc-André Grenier

2. Je trouve la qualité des petits films ou reportages très inégale, qu’en penses-tu? Raisons?

PIB est un projet pilote où essai et erreur ont une place. Quand il est question de processus créatif, cette notion d’essai/erreur est précieuse. C’est d’ailleurs ce qui a interpelé Fernand Dansereau lorsqu’il a découvert PIB en décembre dernier. Cette possibilité de jouer en dehors d’un cadre établit et sécuritaire.

On demande aux réalisateurs d’être homme-orchestre. Ils font à la fois leur caméra, leur prise de son et évidemment, la réalisation. C’est extrêmement exigeant. Certains sont plus forts techniquement, mais malgré ces limitations techniques, tous parviennent à pénétrer dans l’univers de leur protagoniste.

Bien sur, certaines histoires sont plus fortes, mais toutes ont une pertinence. Ce constat d’inégalité est malheureusement souvent le lot des oeuvres chorales. Cependant comme nous sommes sur le Web, l’internaute a le choix de regarder uniquement ce qui l’intéresse.

C’est étonnant de voir que les films et les essais les plus visionnés ne sont pas toujours les meilleurs d’un point vue technique et même narratif. C’est là une nouvelle donne du Web. L’internaute choisi ce qui lui plaît. Comme documentariste, j’aimerais les inciter à s’intéresser à une histoire plus qu’à une autre, mais je n’ai plus cet aval sur ce public virtuel.

3. Il y a des essais photo qui sont particulièrement réussis, es-tu d’accord? Raisons?

Les essais photographiques avaient pour but premier de documenter les impacts de la crise en régions éloignées. Ce sont des petites oeuvres uniques, donc beaucoup plus faciles à regarder à la pièce alors que la courbe narrative des films évolue pendant un an et prenne leur sens dans le temps. Ils ont une formidable force artistique.

Le web donne effectivement un souffle nouveau à certains médiums qui l’on précédé. La photographie retrouve un souffle nouveau, les photographes ont la chance de pousser leur créativité plus avant et cela m’enchante.

Merci à Tobi Elliott pour l’aide avec le blog.

La crise économique ad marem usque ad marem: PIB

PIB/GDP: 'Famille à la casse'
Copyright: ONF/NFB

Cette semaine à Sunny Side of the Doc à La Rochelle, l’ONF et ARTE France ont annoncé une collaboration pour la production de documentaires pour le web. Ils produiront un documentaire par année, avec un budget de 100.000 $ Can. Les deux ont déjà une expérience considérable avec les webdocs.

Depuis presque un an déjà, l’ONF a mis en ligne un projet majeur, PIB – L’indice humain de la crise économique Canadienne. La Directrice du programme français, Monique Simard, une ancienne dirigeante syndicale et politicienne dont les préoccupations sociales sont bien connues, a pris l’initiative de cette expérience.

Son intuition de départ: la crise économique ne serait pas passagère, et elle serait assez profonde pour changer le cours de la vie de beaucoup de gens. Le projet PIB a permis à beaucoup de cinéastes et photographes à travers le pays de suivre des personnes affectées par la crise. Je n’ai pas regardé tout, évidemment, mais voici quelques impressions.

D’abord, l’architecture du site est impressionnante, le design aussi. On a accès aux histoires racontées dans les deux langues officielles, avec sous-titres au besoin. On peut voir des épisodes multiples dans l’ordre qu’on choisit. On peut commenter, partager, utiliser les médias sociaux pour en parler.

Pour le contenu, je l’ai trouvé très inégal. Il y a d’excellentes histoires, comme ‘Famille à la Casse’, l’histoire d’un couple formé d’un travailleur et une travailleuse de l’automobile, Brian et Cassandra, qui perdent leurs emplois et doivent se battre pour survivre. C’est très dans la tradition du documentaire, sans la structure dramatique mais en échange l’avantage du suivi de l’histoire à travers les épisodes.

La même chose vaut pour un reportage sur une famille immigrée qui tient un motel en Colombie Britannique – on rentre dans leur univers, on comprend les défis qu’il doivent relever et leurs émotions. Parfois une série commence bien, comme cette histoire d’un groupe de jeunes femmes dans l’Ouest qui tentent de sortir de leur endettement – mais à un moment donné il ne se passe plus grand chose, on tourne en rond et on fait du remplissage. Et puis, il y a malheureusement des histoires qui ne donnent pas grande chose, ni côté humain ni côté production.

Daniel Poulin / St-George de Beauce
Copyright: ONF / Photo : Renaud Philippe

Une des plus belles surprises de ce projet est la qualité des reportages photo, réalisés notamment par Renaud Philippe à Québec, Brian Howell à Vancouver, Goh Irotomo et Craig Chivers à Toronto. La photo ci-haut est tirée justemment d’un reportage de Renaud Philippe intitulé ‘Le vouloir c’est le pouvoir’.

La semaine prochaine: une conversation avec Hélène Choquette, la réalisatrice qui coordonne PIB/GDP.

Merci à Tobi Elliott pour son aide avec ce blog.